Florence Aubenas est partie la fleur au crayon, explorer un monde que l’on ne voit plus. Vous savez, quand vous grattez un peu. En-dessous des couches populaires, celles encore visibles, en-dessous des talonnettes de Nicolas Sarkozy. Ces couches oubliées par nos politiques, parce qu’invisibles et si peu utiles électoralement.
Elle en ramène un émouvant tableau, bien loin des reportages Immersion de Harry Roselmack. On s’émeut avec elle de ces pauvres gens, qui luttent contre les tourbillons capitalistes, plaqués au sol, sous la botte de marchands de travail. Avec une seule destination : une lente mort sociale.
La vie de ces individus est loin du Boulot-Métro-Dodo de nos bobos parisiens. La vie est ainsi faite, avec des baiseurs et des baisés. Les 6 mois en immersion de Florence sont beaux dans l’effort : de l’acharnement, de l’ambition, du désir de vaincre, de la rage. Elle a de l’audace, du culot… pour gagner 900 euros, sur 3 emplois différents. Du lundi au dimanche.
La rage de vivre de cette Florence n’est plus à démontrer. Après les jaules irakiennes, les jaules ès sociales de Caen. Elle s’en sort avec brio pour nous conter cette aventure sociale. Et oui, l’espoir d’un best-seller littéraire fait vivre, bien que ce ne soit pas son but ultime. 200 000 ? 300 000 exemplaires ? De quoi se faire un peu de fric sur le dos des pauvres ? Critique facile, mais chapeau bas, Mme Aubenas. A titre personnel, moi je pense qu’elle est sincère dans sa volonté de nous montrer l’inmontrable.
Quelles solutions ? Quel avenir ? Florence n’y réponds pas. Elle nous enlève la merde des yeux, pour enfin ouvrir le débat. C’est au politique, aux citoyens, à notre comptoir de rappeler que l’on doit s’occuper de cette situation, de cette génération perdue. Lost in pauvreté.