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Pas d’autre issue que d’ouvrir les yeux, bien avant le jour.
Pas d’autre non plus que d’écrire et décortiquer les litanies que le monde énumère.
Ici avis de tempête en mer d’Iroise,
Terre faisant le gros dos en répliques sous favelas chiliennes,
Déluges et glissements de boue sous les pieds des rescapés d’Haïti…
Que sont nos pauvres douleurs et nos infimes misères ?
Pourtant nous nous plaignons, comme indifférents à la fange qui nous assaille.
***
Pas d’autre issue que d’ouvrir les yeux, bien avant le jour,
Et, parfois, l’intime conviction qu’il vaudrait mieux les refermer :
Ne plus rien voir, mais pas assez de mains ni de doigts
Pour fermer à la fois paupières, oreilles et orifice buccal…
Ne plus rien percevoir des horreurs qui se répètent,
Tandis qu’ici nous parlons d’autre chose,
Et que s’insinue, en messages subliminaux,
L’ordre profond de renoncer,
Que poésie aurait autre chose à dire,
Tant est difficile la tâche de dénoncer,
Appeler à l’arrêt des combats fratricides…
***
Les yeux ouverts
Sur l’aurore délicate
Déposer les rêves
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Manosque, 5 mars 2010
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