Affaiblie par la Grèce, l’Europe réserve encore de nombreuses surprises aux marchés financiers. Le scénario d’une panne de refinancement de la Grèce, notamment à cause de l’explosion des taux d’intérêts concernant les dettes de ce pays, deux fois supérieurs à ceux de l’Allemagne, a fait trembler les marchés européens jusqu’à l’annonce d’un plan d’aide.
Malheureusement ce plan d’aide, s’il était activé, ne serait efficace que si les prévisions du gouvernement grec s’avèrent justes. Pour cela, il faudrait que la Grèce renoue avec la croissance d’ici une à deux années. Or si la récession se poursuit durant ces deux prochaines années et s’avère plus profonde que prévue, l’endettement de la Grèce qui s’établit aujourd’hui à 113% du PIB, continuera d’augmenter jusqu’à 120% fin 2010 et 135% fin 2012 avec une diminution prévue pas avant 2013.
Mais qu’en est-il des autres membres de la zone euro ?
Les 3 autres membres du cercle des “Pigs”, c’est-à-dire le Portugal, l’Irlande (g pour “Grèce”) et l’Espagne (Spain) vont à leur tour être prochainement contraints de se serrer la ceinture pour éviter que le scénario grecque ne se reproduise.
En effet, le Portugal, qui est actuellement dans la ligne de mire des marchés financiers prévoit une augmentation de la dette publique à 86% du PIB fin 2010 et 90,7% fin 2012 avec un déficit public proche des 8%. Par ailleurs, l’agence de notation Fitch a récemment abaissé la note du Portugal de AA à AA-.
Quant à l’Espagne, ce n’est pas la taille de sa dette publique qui inquiète, mais sa dégradation à une vitesse vertigineuse. La dette publique est passé de 36,2% en 2007 à 55,2% en 2009, et Madrid prévoit une augmentation jusqu’à 65,9% en 2010 puis 74,3% en 2012 avant de redescendre seulement à 74,1% en 2013. Soit une augmentation de la dette publique de près de 20% entre 2007 et 2009 alors que des pays comme la France ou l’Allemagne connaissent des augmentations comprises entre 2 et 4% par an. Par ailleurs le déficit public de l’Espagne a lui aussi explosé, passant d’un excédent de 2,23% du PIB en 2007 à un déficit de 11,4% en 2009. Face à ces prévisions peu optimistes, la note espagnole à aussi été dégradée à AA+.
L’Irlande suit le même scénario que l’Espagne, avec après cinq années d’excédents, un solde budgétaire qui est devenu très largement négatif en 2008, atteignant 7% du PIB, record historique pour ce pays, et la dette publique qui n’avait cessé de diminuer depuis 1994 a fait un fait un bond à 43% en 2008 contre 25% en 2007. Plus alarmant encore, l’Irlande qui a connu une croissance soutenue et parmi les plus hautes de l’Europe de l’Ouest (7,4% l’an en moyenne), est devenue brusquement négative en 2008 et 2009, et ne cesse de chuter.
Et la France dans cette histoire ?
La France, même si elle fait certes mieux que la plupart des pays occidentaux en terme de dette publique, s’approche de niveaux alarmant et est très surveillée par les agences de notations, notamment Fitch qui affirme que la France s’approche dangereusement du bas de la catégorie AAA. Le déficit public français atteindra 8,2% et sa dette publique 84% fin 2010, ce qui classe le pays avant dernier de la catégorie AAA juste devant les Etats-Unis.
Néanmoins il est important de noté que le recul du PIB de seulement 2,2% contre 4% en moyenne dans la zone Euro procure un argument de poids sur sa stabilité auprès des marchés financiers.
Qu’en est-il de l’Eldorado américain ?
Et bien concrètement l’Eldorado américain a pris sérieux coup au moral. La dette publique américaine a franchi la barre symbolique des 10.000 milliards de dollars en septembre 2008. Fin novembre 2009, la dette américaine atteignait 12.000 milliards de dollars, soit un montant extrêmement proche du plafond autorisé par le Congrès américain situé 12.104 dollars (80% du PIB). Pour faire face à cette situation, le Congrès a augmenté in extremis ce plafond de 787 milliards de dollar en février 2009, et pourtant la dette publique ne cesse de plonger. Par ailleurs, le déficit public pour la période 2009-2010 atteindra 1.555 milliards de dollars effaçant le précédent record historique de 1.415 milliards de dollars sur la période… 2008-2009. Beaucoup se posent désormais la question de savoir si il ne faudrait pas dégrader la note américaine de AAA à AA+.
Les Etats-Unis paient un impérialisme prononcé sous l’ère Bush qui a fait explosé les dépenses de l’Etat (+55%) notamment à cause des conflits en Irak et en Afghanistan auquel se rajoute une crise qui très durement touché le pays.
Ainsi, l’économie mondiale connaît peut être sa première crise réelle de dettes, mais l’Europe ne s’en sort pas si mal quand on sait par exemple que la dette par habitant en France est de 21 000€ alors qu’elle est de 50 000$ aux Etats-Unis….