Les banquiers à la question

Publié le 15 avril 2010 par Santamaria

J’ai faillit passer à côté de l’article d’Anne MICHEL qui décrit le nouveau mécanisme de contrôle mis en place par l’AMF pour vérifier les compétences des banquiers, et tout cela à cause du titre qui n’a pas grand chose à voir avec le vrai contenu : le titre annonce un grand oral alors que l’article décrit la mise en place d’un QCM archi classique.

Je découvre au passage la société Bärchen et suis assez ébahi par leur “audace communicationnelle”. D’ailleurs, même la journaliste s’est laissée prendre au piège. Ainsi donc, le fait de répondre à 100 questions de type QCM pourrait être comparé à un grand oral de Sciences Po ?! Les 100 questions étant simplement tirées au hasard parmi 600. A mon avis on est plus proche du “plus grand quizz de France” mis en place par TF1 que du grand O de Sciences Po. Sauf que sur TF1 les questions étaient tirées au hasard parmi 15.000 et l’enjeux était de 250.000 euros en une fois seulement. Gageons que certains des candidats traders qui vont tenter le quizz de Bärchen joueront pour plus de 250.000 euros !!

Plus sérieusement cela me semble soulever pas mal de problèmes éthiques ou choix organisationnels :
- d’aprés l’article, le passage du quizz, obligatoire pour un premier emploi en banque ou une promotion interne, représente l’équivalent de 40 heures de formation. Mais qui va dispenser cette formation ? Si c’est le même organisme qui forme et qui évalue cela peut poser des questions. Cela semble hélas le cas, avec en plus un seul prestataire référencé…D’après le site Bärchen la préparation à l’examen coûte 2.000 euros et 30.000 personnes sont concernées : d’autres devraient se battre pour tenter de partager un si beau gâteau avec autant de zéros avant la virgule
- rapide comparaison avec le code de la route et le comportement au volant : est ce qu’il suffit de réussir le QCM du code pour avoir ensuite une conduite irréprochable sur la route ? Donc je ne pense pas qu’avoir les bonnes réponses aux QCM supprimera les délits d’initiés. Le parallèle avec la conduite peut d’ailleurs donner des idées. Pourquoi pas un permis à point pour les traders ? avec la nécessité de suivre un stage une fois tous les points perdus. Un frais stage d’une une semaine complète de dialogue avec les surendettés et les salariés virés parce que les actionnaires veulent avant tout obtenir un bon rendement ?
- pour intervenir fréquemment dans les démarches GPEC je constate que dans beaucoup de sociétés les compétences sont très mal suivies et évaluées. Bien souvent elles sont laissées à la libre appréciation du manager lors de l’entretien annuel, sans avoir de grille efficace pour les évaluer objectivement. Las dans la démarche de l’AMF rien ne semble prévu pour connecter cette évaluation avec les processus internes de gestion RH. Et après on s’étonne que les DRH aient du mal à rester motivés !