Le total net de l’aide publique au développement (APD) versé par les donneurs du Comité d’Aide au Développement de l’OCDE (CAD) a augmenté de 0.7% en termes réels, mais la hausse est de 6.8% une fois exclu l’abandon de dette, une composante volatile (voir les tableaux et graphiques pour 2009).
Le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, s’est félicité de cette nouvelle hausse de l’APD, et a pressé les donneurs de poursuivre sur cette lancée pour les années à venir, malgré leurs problèmes fiscaux. « L’aide représente moins de 1% des dépenses des gouvernements en moyenne parmi les pays de l’OCDE alors que de gros efforts sont encore nécessaires pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Il s’agit d’un investissement vital dont les bénéfices sont importants pour le monde entier » a-t-il observé.
Le président du CAD M. Eckhard Deutscher, a relevé qu’une grande majorité des membres du CAD respectent leurs engagements en dépit de la crise économique. Bien qu’il y ait eu une augmentation encourageante de l’APD vers l’Afrique, M. Deutscher remarque que celle-ci est moindre par rapport à l’objectif de Gleneagles d’une hausse de 25 milliards de dollars US avant 2010. « Le financement de l’aide reste vital pour atteindre les OMD » observe-t-il, « ainsi tous les donneurs doivent faire les efforts nécessaires pour tenir leurs engagements ».
Evolution de l’APD en 2009
En 2009, les apports nets d’aide publique au développement (APD) consentis par les membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE ont légèrement augmenté en termes réels (+ 0.7 %) pour totaliser 119.6 milliards USD, représentant 0.31 % de leur revenu national brut (RNB) cumulé. Les allégements de dettes, qui avaient atteint des montants particulièrement élevés en 2005 et 2006 en raison des mesures exceptionnelles prises dans le cadre du Club de Paris en faveur de l’Irak et du Nigeria, ont de leur côté fortement diminué. L’APD a augmenté de +6.8% en termes réels, hors allégements de dettes.
L’aide bilatérale - hors abandon de dette et aide humanitaire - a augmenté de 8.5% en termes réels, car les donneurs ont continué à accroître le volume des projets et programmes de développement. La plus grande part de cette hausse s’est faite sous la forme de nouveaux prêts (+20.6%), mais les dons ont aussi augmenté (+4.6% hors abandon de dette). En 2009, les apports nets d’APD bilatérale vers l’Afrique se sont montés à 28 milliards USD, soit une progression de 3 % en termes réels par rapport à 2008. Sur ce total, 25 milliards USD sont allés à l’Afrique subsaharienne, 5.1 % de plus qu’en 2008.
Résultats des différents donneurs
En 2009, les donneurs qui se sont montrés les plus généreux, par le volume de leur aide, sont les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon. Cinq pays ont dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB fixé par les Nations unies, à savoir le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède.
Les pays dont les apports nets d’APD en termes réels ont le plus augmenté en pourcentage sont la Norvège, la France, le Royaume-Uni, la Corée (qui a rejoint le CAD le 1er janvier 2010), la Finlande, la Belgique et la Suisse. Des accroissements significatifs ont également été enregistrés au Danemark, aux Etats-Unis et en Suède.
En 2009, les Etats-Unis se sont classés au premier rang des donneurs avec des apports nets d’APD de 28.7 milliards USD, en progression de 5.4 % en termes réels par rapport à 2008. Le ratio APD/RNB est ainsi passé de 0.19 % en 2008 à 0.20 % en 2009. Une ventilation géographique des apports nets d’APD des Etats-Unis fait en outre ressortir une augmentation dans toutes les régions, à commencer par l’Afrique subsaharienne (+ 10.5 % à 7.5 milliards USD). L’APD consentie à l’Afghanistan s’est, elle aussi, considérablement accrue (+ 39.5 % à 3.0 milliards USD). Les concours nets d’APD au groupe des pays les moins avancés (PMA) ont pour leur part progressé de 13.6 %, à 8.1 milliards USD.
L’APD nette du Japon a, quant à elle, fléchi de 10.7 % en termes réels avec 9.5 milliards USD, soit 0.18 % du RNB. Ce recul s’explique principalement par une diminution des allégements de dettes, en faveur de l’Irak en particulier, par rapport à leur niveau de 2008. Les contributions aux institutions financières internationales ont en revanche été fortement augmentées en 2009.
L’APD nette cumulée des quinze membres du CAD appartenant aussi à l’UE a légèrement diminué (- 0.2 %) pour tomber à 67.1 milliards USD soit 0.44 % de leur RNB global. Les apports des membres du CAD appartenant à l’UE ont représenté 56 % de l’APD totale émanant des membres du CAD.
L’APD nette a augmenté en termes réels dans les sept pays du CAD membres de l’UE suivants :
- la Belgique (+ 11.5 %), sous l’effet d’une intensification générale de l’effort d’aide ;
- le Danemark (+ 4.2 %) ;
- la Finlande (+ 13.1 %), en raison d’un accroissement de l’aide bilatérale ;
- la France (+ 16.9 %), par suite d’une progression des prêts bilatéraux et des contributions aux organisations multilatérales ;
- le Luxembourg (+1.9%);
- le Royaume-Uni (+ 14.6 %), sous l’effet d’une intensification générale de l’effort d’aide bilatérale ;
- la Suède (+ 7.4 %), du fait de son effort continu pour atteindre un niveau d’APD de 1% de son RNB.
Elle a par contre fléchi dans les pays suivants :
- l’Allemagne (- 12.0 %), dont la contraction des allégements de dettes est supérieure à une augmentation significative de son aide bilatérale;
- l’Autriche (- 31.2 %), également du fait de la contraction des allégements de dettes par rapport à 2008 ;
- l’Espagne (- 1.2 %) bien que des dépenses significatives approuvées fin 2009 ne prendront effet qu’en 2010, maintenant ainsi la tendance à la hausse de son APD;
- la Grèce (- 12 %), en raison de la compression des budgets d’APD induite par la situation tendue des finances publiques ;
- l’Irlande (- 18.9 %), sous l’effet des contraintes budgétaires ;
- l’Italie (- 31.1 %), par suite d’une compression du budget de l’aide globale et d’une diminution des allégements de dettes;
- les Pays-Bas (- 4.5 %)
- le Portugal (- 15.7 %).
Les apports d’aide des institutions de l’UE ont, de leur côté, augmenté de 4.4 %, à 15.0 milliards USD, principalement sous l’effet d’un renforcement des programmes de don.
Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes :
- Australie (- 1.4 %) en raison de haut niveaux d’allégements de dette en 2008 non reconduits en 2009;
- Canada (- 9.5 %), en raison de la contribution élevée allouée par le Canada à l’IDA en 2008 et d’une réduction de l’allégement de dette ;
- Corée (+ 13.5 %), du fait de l’augmentation des prêts bilatéraux ;
- Norvège (+ 17.3 %), par suite d’un accroissement de l’aide bilatérale ;
- Nouvelle-Zélande (- 3.2 %) ;
- Suisse (+ 11.5 %), sous l’effet d’un allégement de dette envers le Togo et d’une augmentation des coûts des réfugiés comptés dans son APD.
En 2009, les apports d’APD brute (c’est-à-dire avant déduction des remboursements de prêts) ont totalisé 132.7 milliards USD (voir le tableau pour 2009). Au regard de cet agrégat, viennent aux premiers rangs des donneurs les États-Unis (29.5 milliards USD), le Japon (16.5 milliards USD), la France (15.3 milliards USD), l’Allemagne (13.3 milliards USD) et le Royaume-Uni (11.7 milliards USD).
Les pays suivants, qui ne sont pas membres du CAD, on fait état des évolutions suivantes dans leurs APD nette en 2009 :
- Hongrie (+ 21.7 %), en raison d’un renforcement des programmes bilatéraux ;
- Islande (- 11.7 %) du fait de pressions budgétaires ;
- Pologne (+ 13.2 %) ;
- République tchèque (- 4.7 %) ;
- République slovaque (- 18.9 %), sous l’effet d’une compression de l’aide bilatérale ;
- Turquie (+ 2.1 %).
Quels sont les niveaux d’aide attendus pour 2010?
Aux sommets du G8 à Gleneagles et du Millénaire +5, tenus en 2005, les donneurs ont pris des engagements précis d’accroissement de leur aide. Une fois traduits en chiffres par le Secrétariat de l’OCDE, ceux-ci impliquent que les apports soient portés d’environ 80 milliards USD en 2004 à près de 130 milliards USD en 2010, à prix constants de 2004, montant qui représente 0.36 % du RNB ressortant des estimations pour 2010.
Le 17 février 2010, l’OCDE a diffusé ses premières estimations concernant les apports d’APD en 2010, se fondant sur une enquête spéciale sur les plans de dépense des donneurs pour 2010. Ces estimations ont maintenant été actualisées à la lumière de la performance des membres du CAD en 2009 et de quelques ajustements apportés depuis lors aux objectifs fixés pour 2010. D’une façon générale, les chiffres relatifs à leur RNB pour 2009 notifiés par les donneurs du CAD sont un peu supérieurs à ce qu’on avait escompté et les perspectives d’évolution pour 2010 se sont aussi un peu améliorées.
D’après les estimations actuelles de l’OCDE, la récente phase de dépression économique, du fait qu’elle a réduit la valeur nominale des RNB, a ramené la valeur en dollar des engagements souscrits pour 2010 aux alentours de 126 milliards USD (en dollars constants de 2004), ce qui implique un accroissement de 46 milliards USD, par rapport au niveau de 2004, et non plus de 50 milliards USD comme initialement escompté.
Si la plupart des pays ont maintenu leurs engagements pour 2010, certains, dont quelques grands donneurs, n’en ont pas moins revu à la baisse leurs promesses ou repoussé leur échéance. Au vu des propositions budgétaires actuelles et des derniers chiffres concernant le RNB :
- le volume escompté de l’APD en 2010 devrait s’établir à 108 milliards USD en dollars de 2004, soit 28 milliards USD de plus qu’en 2004, le ratio APD/RNB passant lui sur la même période de 0.26 % à 0.32 % ;
- le déficit par rapport aux engagements souscrits en 2005 s’élève à 18 milliards USD (en dollars de 2004), une fois pris en compte les effets de la contraction du RNB ; c’est l’Afrique qui aura le plus à en souffrir ;
- aux prix de 2009, les estimations font ressortir les apports prévus d’APD pour 2010 à 126 milliards USD, soit près de 6 milliards USD de plus qu’en 2009 ;
- l’Afrique ne recevra vraisemblablement pas plus de 11 milliards USD sur les 25 milliards USD envisagés à Gleneagles, en raison essentiellement de certains donneurs européens dont une grande part de l’APD va à ce continent et qui n’atteignent pas leurs ambitieux objectifs.
Pour les membres du CAD appartenant à l’UE, 2010 est une année charnière puisqu’ils se sont engagés en 2005 à consacrer cette année là à l’APD nette 0.56 % de leur RNB cumulé, et chacun au moins 0.51 % de leur RNB individuel. 2010 représente également pour ces pays la mi-chemin entre l’engagement de 2005 et l’objectif de 2015 pour atteindre le niveau de 0.7% du RNB.
Certains pays atteindront ou dépasseront cet objectif, notamment la Suède, qui affiche, avec 1.01 %, le rapport APD/RNB le plus élevé du monde, le Luxembourg (1 %), le Danemark (0.83 %), les Pays-Bas (0.8 %), la Belgique (0.7 %), le Royaume-Uni (0.60 % d’après les estimations actuelles), la Finlande (0.56 %), l’Irlande (0.52 %) et l’Espagne (0.51 %).
D’autres risquent de ne pas atteindre cet objectif, bien que certains aient fait des progrès considérables depuis 2004 ; la France (estimation entre 0.44% et 0.48%, il a été retenu 0.46 % dans les prévisions ci-jointes), l’Allemagne (0.40 %), l’Autriche (0.37 %), le Portugal (0.34 %), la Grèce (0.21 %) et l’Italie (0.20%).
Les autres membres du CAD ont eux aussi pris divers engagements pour 2010, et la plupart d’entre eux les honoreront, mais pas tous. Les Etats-Unis ont promis de doubler leur aide à l’Afrique subsaharienne entre 2004 et 2010 et cette promesse s’était déjà concrétisée en 2009. Le Canada vise pour sa part à multiplier par deux en valeurs nominales son Enveloppe de l’aide internationale entre 2001 et 2010, l’Australie à porter son APD à 4 milliards AUD et la Nouvelle-Zélande à atteindre un rapport APD/RNB de 0.28 %.
Ces pays semblent tous les trois en bonne voie de réaliser ces objectifs, et l’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont depuis lors fixés d’autres cibles pour des dates ultérieures. La Norvège maintiendra le niveau de son APD à 1 % de son RNB et la Suisse devrait afficher un rapport APD/RNB de 0.47 %, donc déjà supérieur aux 0.41 % auxquels elle s’était engagée.
A Gleneagles, le Japon avait promis de dégager, sur la période 2005 à 2010, 10 milliards USD supplémentaires par rapport au niveau de son APD en 2004. Il s’en faut de 3.6 milliards USD en raison principalement de sévères contraintes économiques et budgétaires, ainsi que de remboursements anticipés significatifs de prêts APD par certains pays emprunteurs. Pour 2010 le Japon vise à augmenter son APD bien que le chiffre exact ne soit pas encore connu ; dans les projections qui suivent, on utilise les données actuellement disponibles pour 2009.
Malgré divers déficits par rapport aux engagements pris, l’APD a augmenté de près de 30 % en termes réels entre 2004 et 2009, et devrait avoir progressé d’environ 36 %, toujours en termes réels, entre 2004 et 2010. En pourcentage du RNB, elle est passée de 0.26 % en 2004 à 0.31 % en 2009 et devrait atteindre 0.32 % en 2010. C’est le plus fort accroissement en volume jamais enregistré dans l’APD sur une telle période et, contrairement à ce qu’on a observé entre 2005 et 2007, il ne s’explique pas par une envolée des allégements de dettes. La progression persistante de l’APD le montre, les engagements en matière d’aide sont efficaces dès lors qu’ils sont étayés par des ressources adéquates, une volonté politique et des plans de dépenses fermes s’étalant sur plusieurs années. L’APD continuera d’augmenter en 2010, contrairement aux autres apports financiers aux pays en développement qui se sont fortement contractés depuis le début de la crise financière mondiale.