Les apparences sont parfois trompeuses. Un personnage comme l’industriel M. Earl Brooks (Kevin Costner) le prouve ! Marié à une charmante épouse, prénommée Emma (Marg Helgenberger), père d’une adolescence vive et intelligente, Brooks est, pour le commun des mortels, un homme comblé qui est, en plus, à la tête d’une riche entreprise qui amasse les bénéfices à la pelle. Pourtant, notre homme souffre d’un mal profond et diabolique : Brooks est accro' aux meurtres. Aidé de Marshall (William Hurt), un personnage imaginaire et sadique, Brooks a toujours tué avec un "professionnalisme" déconcertant. Sa prudence et sa volonté lui ont toujours permis d’échapper à la police. Cédant à nouveau à la tentation, Brooks part à la recherche de nouvelles "victimes". Seulement voilà, un détail va lui échapper. Ce détail pourrait lui être fatal & permettre à l’inspecteur Tracy Atwood (Demi Moore) de l’arrêter enfin !
Dès les premières minutes, le réalisateur Bruce A. Evans entre dans le vif du sujet et joue d’emblée la carte de la schizophrénie. Le personnage interprété d’une main de maître par Costner tente d’échapper à son appétit vorace de meurtres mais succombe encore une fois à la tentation ! Ce rôle permet à Kevin Costner de revenir, en forme, à l’avant-scène & de démontrer à ses détracteurs qu’il est aussi à l’aise dans des rôles de beaux justiciers sauveurs ("Coast Guards", par exemple) mais aussi dans des interprétations nettement plus nuancées et sombres.
"Mr. Brooks" nous promet un duel incisif entre Costner et Demi Moore. Pourtant cet affrontement, assez goûteux, n’arrive jamais. Bruce A. Evans imbrique en fait deux histoires dans un même film. D’une part, le récit savoureusement immoral d’un "gentil" tueur confronté à un maître chanteur malhabile et (également) siphonné, incarné par Dane Cook ; et d’autre part, l’aventure plus modeste et plus caricaturale d’une femme flic de choc qui veut, en même temps, arrêter les méchants et en terminer avec un divorce douloureux (plus sur le plan financier que sentimental).
Honnêtement, "Mr. Brooks" se serait bien passé de cette seconde historiette qui n’apporte en fait pas grand-chose au parcours chaotique de Brooks… Excepté pour la dernière demi-heure du film durant laquelle les deux "affaires" se croisent et occasionnent quelques beaux retournements de situation. Fatalement, quand on a une Demi Moore à l’affiche, on ne peut pas lui faire (trop) jouer les seconds rôles !
Après le méconnu "Kuffs" (1992), avec Christian Slater et Milla Jovovich, Bruce A. Evans réalise ici un thriller des plus honorables qui brille surtout grâce à l’excellente prestation (encore une !) de Kevin Costner. Signalons également les interventions croustillantes et parfois salaces de William Hurt. Le tandem Costner/Hurt est habillement exploité. Cette association n’est pas sans rappeler la "relation" entre Christian Slater et sa conscience, jouée par Val Kilmer, dans "True Romance" (1993), réalisé par Tony Scott et scénarisé par Quentin Tarantino.
Sans prétendre à la perfection, "Mr. Brooks" reste un bon film, par moment tortueux, sombre et parfois gentiment ironique. On regrettera peut-être un final trop ambigu où Bruce A. Evans paraît indécis quant au sort du personnage joué par Costner : celui-ci doit-il être puni pour ses actes ou, au contraire, faut-il que ses "manigances" soient récompensées ? Pour connaître la fin de cette histoire, l’idéal est encore de voir "Mr. Brooks" !
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