Bruce Davidson est né en 1933. Mais, sincèrement, à part ses proches, amateurs de chapeaux pointus et de cotillons, tout le monde s’en cogne.
En 1958, il se fait recruter par Cartier Bresson pour intégrer l’agence Magnum comme photographe. Cirques ambulants, Mouvement pour les Droits Civiques, East Harlem, Davidson s’intéresse aux tronches qui racontent plein de choses.
En 1980, il achète une Carte Orange et s’engouffre dans le métro new-yorkais. Il y passera plusieurs années sans jamais trouver la sortie. Son appareil à la main.
Paumé dans ce zoo urbain, il croque les bestioles avec son déclencheur.
Des employés de banque mal fagotés.
Des donzelles qui se prennent pour des modèles.
Des camés en pleine descente.
Des cadavres empaquetés par des ambulanciers.
Des clodos qui reniflent leurs bibines enrubannées dans du papier kraft.
Des zikos qui grattent la pièce, un saxo planté dans le bec.
Tous les globules multicolores qui transitent par ces artères noires de merde, Davidson va, pour ainsi dire, les répertorier. En fond, sur les parois, les vitres, les murs: mille millions de milliards de tags. Autant de chuchotements qui font un boucan monstre, hiéroglyphes d’une sous-culture urbaine émergente.
Le fruit de ces années d’errance souterraine sort en 86 sous la forme d’un bouquin: Subway.
La définition du métropolitain new-yorkais. Selon Bruce Davidson.
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