
"Mais là n'est pas le coeur de la crise. La grande affaire, c'est que ces drames financiers ont frappé des économies développées déjà malades, en fait complètement anémiées. (…) La raison majeure de cette évolution est le changement progressif de structure de l'actionnariat. Faible et inorganisé, il pesait peu pendant les Trente Glorieuses. Mais, entre 1970 et 1990, il s'est puissamment organisé sous la forme d'abord des fonds de pension, puis celle des fonds d'investissement et des fonds d'arbitrage ou hedge funds. Présents maintenant dans toutes les sociétés multinationales, ces représentants d'actionnaires-là n'ont plus ni respect ni connaissance des entreprises dans lesquelles ils pénètrent, ils exigent simplement le dividende maximal immédiat. La forme majeure résultant de leurs pressions est l'externalisation, le renvoi à l'extérieur de l'entreprise et de son réseau de filiales de toutes tâches et de tous les personnels à qualification moyenne, faible ou nulle qui ne sont pas strictement nécessaires au maintien de la qualité pour le coeur de métier. C'est cet affaiblissement économique majeur du quart de nos populations qui explique l'affaiblissement de la consommation, clé de la baisse générale du rythme de croissance depuis vingt ans."
Voilà la boucle est bouclée, rien a ajouter à cette froide lucidité de Michel Rocard dans les colonnes du Nouvel Obs
Dès lors nous sommes dans la situation paradoxale de l'illustration : demander aux marché financiers de fermer le robinet des dividendes eux-même… puisqu'aucune instance de régulation n'y parvient.