J'ai vu ce titre chez Clarabel, en début d'année. J'ai été séduite par le petit air suranné du polar qui transpirait de tout son commentaire. Vous me connaissez, j'ai eu envie de lire Patricia Wentworth. Par miracle, j'en ai trouvé 2 à la bibliothèque municipale, de quoi me sustenter un moment. Mais l'effet de manque s'est vite fait sentir. Hélas, les cordons de la bourse sont bien serrés, surtout pour les livres neufs. Il me fallait attendre l'occasion, un anniversaire par exemple. (Grand sourire.)
Vous me voyez venir? Comment ça, ça ne se fait pas de lire le cadeau qu'on offre avant de l'envoyer?
Dans quoi s'est fourrée sa cousine, une fois de plus? se demande Gay Hardwicke. Nous on se dit, c'est pas possible d'être bête comme ça (je parle de la cousine). Sylvia a joué aux cartes et a perdu £500. (Elle ne se rapelle jamais ce qu'est un atout, la pauvre.) Son mari lui avait pourtant interdit de jouer de l'argent. Comment faire pour récupérer la somme, sans le mettre au courant, évidemment? N'est-ce pas providentiel qu'on lui offre de gagner une grosse somme aussi simplement qu'en dérobant un petit document? Ce n'est pas vraiment un vol, si? Mais lorsque son providentiel bienfaiteur se révèle être un habile maître-chanteur, c'est là qu'on court demander du renfort à notre parente la plus sensée. Ce serait si simple si Sylvia avouait à son mari! N'importe qui, avec un minimum de jugeotte, parviendrait à faire cesser ce maître-chanteur. Mais pas Sylvia, quand le bon sens est passé, elle était définitivement absente! (Une caricature vivante, cette fille!) Gay se retrouve donc mêlée malgré elle à cette histoire (son sens de la filiation, lui, a été surligné!).
On découvre rapidement le coupable, néanmoins on s'amuse de voir le gros fil de l'intrigue tant ce n'est pas dans la finalité que se trouve l'intérêt de notre lecture. Notre intérêt (le mien, à tout le moins!) réside dans le détail de l'atmosphère british vieillotte, figée, mais qui ne semble pas avoir pris une ride, le gros fil quoi! Ça nous charme. Moi, ça me plaît beaucoup, en tout cas. Ça se lit tout seul. On est prodigieusement agacé par Sylvia, mais on en redemande parce que sa bêtise devient savoureuse. Du type: - Quand avez-vous volé le document? - Je venais de parler avec Mrs. Wessex dont les toilettes sont merveilleusement excentriques, ne trouvez-vous pas? Elle me disait (...) puis je suis montée à ma chambre. - Vous avez volé le document à ce moment? - Non, j'ai attendu que Mr. Lushington prenne un bain. Comment aurais-je pu autrement? - Et quelle heure était-il? - Nous avons dîné vers vingt heures quinze, je crois. Françis était retardé par son travail vous savez ce que c'est. Nous en étions au poisson lorsqu'il est arrivé. - Mrs. Colesborough, venez-en au fait. (J'invente, je n'ai plus le roman sous la main, mais c'était dans le ton.)
Moi, je me bidonne. Vraiment, Patricia Wentworth c'est du bonbon. Par contre, il faut avouer que celui-ci, quoi que j'aie pris grand plaisir à le lire, m'a semblé plus pâle que les deux autres. 4/5
J'espère, Anna, que tu apprécieras ta lecture autant que moi!