Rappelons que les hiéroglyphes sont un langage à la fois idéographique (les signes expriment des idées) et phonétique (les signes expriment des sons). Comme les SMS, smileys et autres picto !
Bien sûr les symboles sont différents mais les ressemblances dans la structure sont frappantes.- 2 --> son : "de"
- 1 --> son : "ain" et article : "un". Exemple : "s1tax" = "syntaxe"
- C --> son et locution verbale : "c'est" ou conjonction : "ces"
- O --> son "o", ou mot : "au".
- T --> locution verbale : "T'es". Exemple : "T ou?"
- Q --> son "cu" ou mot : "cul"
- G --> son "gé" ou locution verbale "j'ai"
- x --> mot : "fois"
Ces règles de base sont complétées par des abréviations (il en existe des milliers, d'où des tonnes de variantes du langage) :
- LOL -> idée (je me marre)
- mwa -->mot : "moi" ("mwa" est plus rapide a écrire que "moi" en SMS en mode ABC )
- slmt --> mot : seulement
- pr -> pour
- tt -> tout
- etc...
pictos (il en existe des centaines) :
- ;-) -> clin d'oeil ; notons que les japonais écrivent ^_- ou (o.~)
- ;-)<==8 -> c'est bandant
- :-o -> surprise ; pour les japonais : o_Ô
Utilisé astucieusement, on peut trouver quelques perles :
- "inHeV" pour "inachevé"
- "à12C4" pour "à un de ces quatre"
- "a2m1" pour "à demain"
- "bi1" pour "bien"
- "koi29" pour "quoi de neuf"
Comme les hiéroglyphes, le langage SMS n'est pas simple. Il est beaucoup moins lisible que l'orthographe traditionnelle. Il introduit en effet beaucoup trop d'ambiguïtés. Une même abréviation peut renvoyer à des significations différentes selon le contexte dans lequel elle est employée, selon l'utilisateur ou le groupe : les variantes sont multiples et on est loin d'une possible standardisation. Il y a besoin de déchiffrer ce langage, et ce déchiffrement fait partie du jeu. Le nombre d'ambiguïtés du langage SMS empêche en outre une lecture rapide parce qu'elles constituent un obstacle au balayage visuel.
Les égyptiens avaient aussi ressenti cela pour les hiéroglyphes, qui étaient réservés aux textes officiels. En réalité, le bas-peuple utilisait une écriture différente, le démotique, plus phonétique et plus proche d'un véritable alphabet (sans en être un).
Loin d'être une évolution, le langage SMS est donc une régression de l'alphabet vers les idéogrammes ou phonogrammes. Il correspond à une mode, en même temps qu'une nécessité avec la limitation à 160 caractères des messages SMS et la difficulté de saisie sur les téléphones en mode ABC.
Remarquons que le mode T9 de ces téléphones reste peu utilisé car il suppose d'avoir une bonne orthographe, chose qui se perd... En revanche on peut conjecturer que l'apparition des téléphones à clavier AZERTY (en dur ou tactile) va induire des changements dans les SMS, qui se rapprocheront de la langue des "Chat", c'est à dire plus d'abréviations mais moins de substitutions de sons par des signes, avec donc moins d'ambiguïtés à condition de connaître les bonnes abréviations.