La mère selon Truffaut.
Il y a peu de mères mémorables dans les films de Truffaut… et pour cause. L’essentiel semble être déjà dit dans son premier long-métrage, Les 400 Coups, largement autobiographique. La mère d’Antoine, comme il apparaît dans cette scène est une mère peu aimante, peu attentive, qui confond son fils avec une servante et lui fait bien sentir qu’il l’encombre.
D’ailleurs, Antoine, après avoir surpris, lors d’une séance d’école buissonnière, sa mère en train d’embrasser un autre homme que son beau-père, déclarera à son professeur lui réclamant des comptes pour son absence de la veille, sous l’impulsion d’un coup improvisé (un des quatre-cents, peut-être le plus violent) : “C’est à cause de ma mère… Elle est morte !”
Elle est morte symboliquement. Crudité de l’inconscient qui jaillit dans ce moment terriblement violent et drôle à la fois. François Truffaut a souffert du manque de tendresse de sa mère, et il ne l’épargne guère dans Les 400 Coups ; en faisant son premier film, après une enfance et une adolescence chaotiques, en (se) réalisant, il tue, non pas le père comme Freud le préconise (il faut dire que les siens -le biologique et celui d’adoption- sont soit absent, soit inconsistant, donc déjà morts, finalement), mais la mère. De cet assassinat fictionnel naîtra un cinéaste fou des femmes et des enfants.