Grammaire générale et raisonnée, d'A. Arnauld et C. Lancelot
Publié le 15 avril 2010 par Onarretetout
Publier aujourd’hui cette Grammaire générale et raisonnée de 1660, ça sent la nostalgie du bien parler, de la rigueur de Port Royal… Un peu comme s’il fallait sauver le style ! Et pourtant, il se passe autre chose à la lecture. Bien sûr, les références sont religieuses, Dieu est dans la plupart des exemples, qui témoignent d’un mode de vie vieux de 350 ans. Mais la première chose qu’on y découvre, c’est une sorte de modestie devant une langue qui évolue. Plusieurs fois, les auteurs le reconnaissent et se gardent bien de présenter les règles comme définitives. D’autre part, ils cherchent à montrer une grammaire qui ne se limite pas à une seule langue, mais appuient leurs propos sur le latin, le grec, l’hébreu, en évoquant parfois les langues orientales, et sans négliger les langues qu’ils qualifient de vulgaires (français, allemand…). On y voit que la grammaire n’est pas une loi préalable à la parole, mais qu’on tire ses enseignements de la façon de parler et d’écrire. Et puis il y a des moments de lecture où l’on a l’impression de découvrir ce qu’est un nom (qui dit la substance d’une chose), un adjectif (qui s’ajoute au nom), un verbe (qui est une affirmation).
Quelques lignes :
« Le jugement que nous faisons des choses, comme quand je dis la terre est ronde, s’appelle PROPOSITION ; et ainsi toute proposition enferme nécessairement deux termes ; l’un appelé sujet, qui est ce dont on affirme, comme terre ; et l’autre appelé attribut, qui est ce qu’on affirme, comme ronde ; et de plus la liaison entre ces deux termes, est. »