Tapie / Le Pen : les derniers cavicornes

Tapie et Le Pen font en ce moment les gros titres de la presse, l’un pour une éventuelle reprise du PSG (si, si..), l’autre pour l’épilogue annoncé de sa vie politique.

Ces deux hommes ont souvent été comparés pour leur populisme ruminant et leur appétit pour manger leurs interlocuteurs lors de débats. C’est pour ca que ces deux discussions de 1989 et 1994 restent intéressantes à voir ou revoir, la première pour son intensité physique, la seconde, plus policée, plus lisse, pour ses échanges d’idées fines.

1. 1989 – Le tour de chauffe
Extraits (le débat complet n’étant pas disponible) entre 00:30 et 00:50 => ICI

Le Pen : “Vous êtes un matamore, un tartarin, un bluffeur!”
Tapie : “Ce n’est pas parce que vous avez une grande gueule et que vous criez fort…”
Le Pen : “Mais soyez poli, vous êtes sorti des bas-fonds, on le sait”
Tapie : “Ce n’est pas parce vous affirmez fort quelque chose que c’est vrai, parce que vous dites N’IMPORTE QUOI!”
Plus tard, Le Pen «Je vais vous écraser, vous êtes un pitre ! »

Il est d’ailleurs amusant d’écouter Le Pen digresser aujourd’hui sur cette époque : « Les débats face à lui n’ont jamais été très intéressants, souvent trop crispés »

1994 – Le festival politique

Pour voir le débat => ICI

Avant les élections européennes de 1994, Paul Amar les réunit à nouveau pour un débat qui restera plus dans les mémoires pour son introduction maladroite (l’histoire des gants de boxes) que pour son épaisseur rhétorique.

C’est un débat assez significatif d’une époque (la montée du FN, la guerre de Bosnie, le SIDA, le chômage de masse…)

Sur le chômage par exemple, les deux amis pour la vie se signalent par des propositions claires et réalistes…

• « Plus de la moitie des femmes et hommes de + de 50 ans veulent travailler à mi-temps pour 80% de leur salaire. 2 fois ca fait 160, pour 60% de salaire vous libérez 300,000 emplois en quelques mois » (Tapie). Compris ?
• « Les immigrés vivent aux crochets de la société française! Et ils prennent le travail des français » (Le Pen)

Il offre également des passages inclassables :

• « Tapie c’est le candidat de la non-France, moi le candidat de la France » (Le Pen)
• « Vous parlez pour faire des mots, mais à la fin des mots, il ne reste rien » (Tapie)
• « Sur le chômage, Il faut d’abord faire un diagnostic » (Le Pen) « Mais non on s’en fout! » (Tapie)

A noter que la déprime française faisait déjà recette chez les hommes politiques il y a plus de 15 ans (« la France est le pays ou l’on consomme le plus d’antidépresseurs au monde »). Sur l’immigration, Tapie serait probablement taxé d’angélisme aujourd’hui. Quant à la position de Le Pen, certes abrupte et frontale, elle ne semble pas foncièrement éloignée de ce qui se pratique aujourd’hui.

Antoine