Editions Anne Carrière, 2006
On accuse la littérature française d'aujourd'hui, tournée vers l'autofiction, de manquer de fougue et d'imagination.
C'est sans compter Véronique Ovaldé et son univers fantasque et aussi, Stéphane Héaume, certes plus confidentiel.
Deux caractéristiques assez rares pour être soulignées dans son univers romanesque : l'aventure, l'onirisme, auxquels s'ajoute un magnifique univers visuel.
Sur la page d'accueil de son site, en exergue, une citation qui donne le ton : « Ne ligotons pas nos songes, n'étriquons pas notre destinée » d'Alexandre Arnoux (1884 - 1973)
Ayant reçu le Prix Jean Giono et Emmanuel Roblès en 2003 pour son premier roman Le clos lothar, il a depuis signé quatre autres récits.
Le fou de Printzberg est à la fois un roman d'amour fou, un roman initiatique et un récit de voyage halluciné entre Grand Nord et Orient. Tragédie intemporelle, nous pourrions nous croire dans un conte cruel nordique ou encore dans une tragédie romantique où les passions sont exacerbées.
L'histoire nous est contée par Julien, qui reçoit une étrange lettre de son ancien ami, l'architecte Costa Cristo-Caron, à l'initiative de la construction d'une étrange station thermale construite dans les glaces de l'arctique.
Ce dernier vient de mourir ; sa dernière lettre lui intime de ramener sa femme, Altaléna, en Europe. Cette femme qui a quitté Julien pour Costa vingt ans plus tôt.
Il s'envole alors pour le Printzberg : il y rencontre l'étrange Baron Othon qui a financé le projet de la station, la belle sculptrice Altaléna et la mystérieuse servante sorcière, La Zlatow, puis les trois pages tatoués et le psychologue de sa bien-aimée.
Comment est mort Costa ? Pourquoi la station n'a jamais ouvert ?
Tandis qu'une nuit sans fin s'abat subitement sur le Printzberg,Julien va entrer dans un univers onirique, labyrinthique dont il faudra percer les secrets. Tout se complique lorsqu'un navire chypriote s'échoue dans le grand nord...
Malgré quelques invraisemblances, le lecteur est happé par cette atmosphère féerique qui joue sur les contrastes d'ombres et de lumières (glace, grotte, galeries souterraines), de passion et de froid.
Stéphane Héaume nous livre un texte nourri à la fois de références littéraires (on pense tout de suite à Julien Gracq), musicales (la symphonie n°5 de Sibelius) et picturales.
Tous les personnages ont leur aura de mystère ; une intrigue romanesque à souhait, mélodramatique.
Un vrai rêve éveillé...