Éditions JCL
186 pages
Résumé:
Les rescapés encore vivants des 200 pensionnats indiens parlent peu et écrivent encore moins. Pourtant, en 1920, au Canada, une loi oblige les autochtones âgés de six à quinze ans à fréquenter ces établissements. Le gouvernement d'alors veut assimiler ces peuples par tous les moyens imaginables... S'ensuivent des débordements de toutes sortes qui auront un impact catastrophique sur ces 150 000 jeunes: dénigrement de la culture autochtone, interdiction de parler leur langue maternelle, humiliations répétées, punitions exagérées, violences physique et psychologique, abus sexuels, etc. Une oeuvre qui en dit long sur le sort réservé aux jeunes Amérindiens de l'époque et qui jette une lumière supplémentaire sur la situation actuelle des peuples autochtones.
Mon commentaire:
Il existe peu de livres traitant des pensionnats indiens. Le pensionnaire est un roman. Cependant, il s'inspire des récits des survivants de ces pensionnats. L'auteur a créé un personnage qui pourrait être n'importe lequel d'entre eux, qu'on a, à l'époque, tenté d'assimiler à coup de honte, d'humiliations, d'abus, de violence physique et sexuelle, dans ces pensionnats indiens. La mentalité des dirigeants de l'époque, église et gouvernement confondus: faire sortir l'indien de l'enfant. Le rendre "blanc" et donc, "civilisé". Personne n'a tenu compte de la culture de tout un peuple. Des familles ont été déracinés. Des âmes innocentes d'enfants ont été bafouées, salies, humiliées.
En 1876, la Loi sur les Indiens établissait en quelque sorte les "droits" des peuples autochtones. La Loi permettait au gouvernement de régir et de surveiller les amérindiens pour mieux les assimiler. A suivit la loi de 1920 obligeant les jeunes autochtones à vivre dans les pensionnats.
Le roman de Chantale Potvin est très éclairant sur cette période sordide de notre histoire. Période d'ailleurs qui est assez peu abordée que ce soit en histoire ou en littérature. Le personnage du livre Le pensionnaire n'a pas de nom. Parce qu'il représente tous ceux qui sont passés par les pensionnats indiens et qui y ont été maltraités. Le personnage s'adresse à nous et il raconte son histoire, qui peut être celle de tant d'autres jeunes autochtones de l'époque. Crus, tristes, émouvants, douloureux, il ne mâche pas ses mots pour nous raconter ce qu'il a vécu. Ce qui en fait un livre profondément troublant, aux scènes difficiles.
Le roman donne la parole aux enfants qui n'y avaient pas droit à l'époque. Il jette aussi un éclairage différent sur ce que vit la communauté amérindienne et sur ce qu'ils ont vécu dans le passé. Épisode noir de l'histoire canadienne, encore trop peu connu du public, les pensionnats indiens ont été instaurés pour assimiler les jeunes amérindiens et les forcer à devenir "civilisés" selon le modèle des blancs. Véritable génocide de toute une nation, ces pensionnats ont tué la culture amérindienne et ostracisé tout un peuple en niant la beauté des différences entre les cultures.
Un livre difficile et touchant. Un roman vérité indispensable, duquel on ne sort par indemme...
Quelques extraits:
"On ne guérit jamais des blessures de l'âme infligées dans l'enfance." p.17
"À partir de 1920, tous les enfants indiens de sept à quinze ans devaient être scolarisés dans des pensionnats. C'était la loi. Les enfants étaient arrachés de force à leur famille par des prêtres, la GRC ou des agents des Affaires indiennes. Plusieurs étaient même transportés dans des camion à bétail." p.57
En complément:
Il existe un site web, Where are the children, consacré à l'expérience des pensionnats indiens. Il est disponible en anglais et en français. C'est un site rempli d'informations et de détails pour ne pas oublier ces enfants...
On trouve aussi dans les archives de Radio-Canada, un dossier sur les pensionnats indiens: extraits issus de la radio, de la télévision, de l'information sur l'époque et des images.