La Mère des batailles comme dirait Jean-François Lamour, la réforme des
retraites est présentée par la majorité présidentielle comme The réforme, à tel
point qu’elle serait la dernière du quinquennat de Sarkozy que cela ne
m’étonnerait point.
A ce niveau là j’hésite clairement entre inconscience et courage !
Comment peut-on se mettre une telle pression alors qu’il est couru d’avance
que cette réforme va mal se passer ?
Dès l’annonce du calendrier le ton est donné, les syndicats ont protesté
véhémentement jusqu’à même accuser le gouvernement « de jouer sur l'effet
Coupe du monde de football » (cf. Jean-Claude Mailly) ! C’est pour
dire que l’ambiance est à la suspicion !
D’un coté il n’est pas question d’augmenter les cotisations et de l’autre il
est interdit d’allonger l’âge de départ en retraite …Au milieu de toute cela,
il ne reste pas beaucoup d’espace pour trouver un consensus !
Consensus d’autant moins facile à trouver qu’à la question du financement
viendra s’ajouter celle de l’équité avec les inévitables contradictions que
cela suppose et le boulevard que cela ouvre à la démagogie facile, que beaucoup
ont déjà commencé à allègrement emprunter.
D’une manière générale, d’ailleurs, le sujet se prête assez bien à toutes
les formes de démagogie qui s’expriment à travers de fausses bonnes réponses du
type « faisons payer les riches et le problème est réglé » ou pire
encore « cette réforme est inutile puisqu’il suffit d’une croissance de
5,5% et d’un chômage ramené à 1,2% de la population active pour que les
retraites soient financées » !
Handicap supplémentaire, ce sujet des retraites arrive après ce que l’on
peut appeler sans excès de langage, une déculottée électorale et à un moment ou
la cote de popularité de Sarkozy atteint un niveau à peine supérieur à celle de
Raspoutine dans la Russie du début du 20ème siècle ou de Marie-Antoinette en
France 1 siècle auparavant !
Dans un tel contexte, il y a 2 choses à craindre :
Tout d’abord que la mère des batailles n’accouche que d’un avorton
rachitique !
Comme d’habitude, on se glorifiera d’avoir mené à bien une réforme en se
gardant bien de dire qu’elle a été dépouillée de sa substantifique moelle ou
dit autrement que l’on aura tellement allégé pour la faire passer, qu’elle ne
répondra pas au problème qu’elle est censé régler, celui du financement pérenne
des retraites !
Pas soucis d’équité, on aura très probablement multiplié les régimes
spéciaux sans nécessairement avoir supprimé la palanquée d’exceptions déjà
existantes et bien évidemment, on se sera entendu sur des demi-mesures sinon
consensuelles du moins plus acceptables par les futurs électeurs de 2012
!
Ainsi, cette réforme qui nous est présentée, comme l’a été celle de 2003,
comme étant la « der des ders », ne constituera qu’un emplâtre
supplémentaire sur une jambe de bois déjà bien étoffée !
Faute de mère des batailles on aura eu droit à la grand-mère des batailles en
attendant celle que nous concoctera la prochaine génération de gouvernants
!
Le second risque est collatéral au premier, il est que cette réforme qui
devait apporter à l’Europe et surtout aux marchés financiers la preuve de la
capacité de la France à gérer un budget qui ne soit pas en permanence
déséquilibré, ne fasse exactement l’effet inverse !
Devant le contraste entre les objectifs proclamés hauts et forts et le
maigre résultat, il est à craindre qu’elle n’apparaisse au final que comme une
nouvelle preuve de notre incapacité notoire à nous réformer et que les grands
vilains marchés financiers en tirent les conclusions qui s’imposent en
renchérissant le cout de la dette de l’Etat français …et quand on sait ce que
nous couteraient quelques pourcents d'intérêts en plus sur notre dette, on
pourra sans paraitre excessifs, plus facilement comparer la mère des batailles
à une débâcle façon Waterloo qu’à un triomphe façon Austerlitz !