Excessif dit que c’est le film d’action de l’année. Excessif exagère : Green Zone est LE film de l’année. Quant au mot action c’est surtout pour attirer le public, une excellente idée d’ailleurs vu le film et le sujet.
Au milieu d’une période qui ne s’arrête plus en nombre de films plus ou moins liés à la guerre d’Irak (The ghost writer, Démineurs), Green Zone fait passer définitivement le sujet du documentaire au film. Tout en étant peut-être même plus documentaire que les autres puisque tous les rôles des soldats américains, sauf trois, sont interprétés par des vétérans d’Irak. Trop violent et réaliste pour être pacifiste, ne prenant pas assez parti pour être politique, le film n’est en réalité même pas anti-américain puisque Roy Miller (Matt Damon), malgré son incompréhension de cette guerre qui n’a pas de raison(s), sera toujours le soldat américain au service de son pays. Pas au service du gouvernement, au service du pays. Tout comme son traducteur, sorte de double irakien de Roy.
Racontant l’histoire d’un commandant qui ne comprend pas pourquoi il attaque des sites dits dangereux qui sont en fait des fabriques de porcelaine et pourquoi il est venu tuer ces gens qui n'ont même pas d'eau ni d'électricité pour vivre, Green Zone montre comment le personnage entre un jour dans la zone verte, là où se sont réfugiés les véritables chefs de la guerre, ceux qui n’ont aucun intérêt à ce les Américains sachent la vérité et ceux qui cherchent la vérité. Le film tourne progressivement au thriller dont le but sera de retrouver ce lieutenant de Saddam Hussein qui avait pourtant garanti aux Américains qu’il n’y avait plus la moindre arme de destruction massive en Irak depuis la guerre du Golfe. Mais savoir le pourquoi du comment, pourquoi le gouvernement américain a inventé ce mensonge et déclenché cette guerre, on ne le saura pas. Paul Greengrass et Matt Damon ont beau poser la question, on a beau chercher la réponse avec eux, il n’y a au fond pas la moindre réponse.
Avec sa confusion totalement volontaire et ses dialogues méritant l’Oscar, avec son réalisme et sa violence exprimés non pas par le fait de montrer les choses telles quelles mais pas une réalisation brillante et aussi hallucinante, après Vol 93 du même Paul Greengrass et l’engagement de Matt Damon à l’époque des faits, Green Zone n’est pas là pour vous laisser le temps de respirer. Sauf vers la fin, mais pour recommencer encore plus fort. Rien que la première séquence du film vous clouera sur votre siège et vous n’espérez plus qu’une seule chose : que ce cauchemar finisse et que Roy se fasse tuer, ou renvoyer pour désobéissance, c’est ce qui pourrait arriver de mieux au personnage et au spectateur. Preuve que ce film n’est pas "juste un film" … Mais heureusement ça n’arrivera pas.
Pour une séance de 13h un mercredi, il y avait quand même beaucoup de monde dans la salle. D’autant plus que, contrairement à La rafle et ses bonnes intentions pour son résultat désastreux, personne ne leur a demandé de venir. Green Zone c’est vraiment le film qu’il fallait faire et on s’étonne qu’il arrive aussi vite …