Déclaration d'accident de travail

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Lorsqu'on fait une déclaration d'accident de travail à la CSST (Commission de la santé et sécurité au travail, Québec), il est important de décrire précisément la façon dont l'accident s'est produit. Le travailleur qui a produit la déclaration qui suit l'avait bien compris... Son travail consistait à descendre un surplus de briques du toit d'un édifice de deux étages. Voici comment il décrit ce qui s'est passé :
J'pensais sauver du temps. J'ai fixé un madrier avec une poulie en haut de la bâtisse et j'ai passé une corde dans la poulie avec les deux bouttes qui descendent jusqu'à terre. J'ai attaché un baril vide au boutte de la corde, pis j'lé monté en haut de la bâtisse. Ensuite j'attache l'autre boutte de la corde à un arbre. La j'monte sul toit, pis j'remplis l'baril de briques.

Ensuite je r'tourne en bas pis j'viens pour détacher la corde pour faire descendre le crisse de baril. Mais le tabarnac de baril est ben que trop pesant pour moué et avant que je réalise quoi que ce soit, hostie, le baril me monte en l'air yenque d'une chote. La chu trop haut pour lâcher la corde j'avais pas le choix, j'ai tenu la corde en hostie. À moitié chmin j'recontre le crisse de baril qui descendait. J'ai reçu un calvaire de coup sur l'épaule; tabarnac que ça m'a fait mal... 

Mais cè pas tout; moué j'continue à monter, rendu en haut, j'me poigne les doigts dans l'hostie de poulie...J'pensait parde connaissance. Quand l'baril touche à terre, l'fond pette pis l'baril se vide. Asteur, ciboir, chus plus pesant que l'baril; ça fa qu'hostie la j'descends en tabarnac, pis à moitié chemin en descendant, j'rencontre encore le crisse de baril qui, lui montait.Y m'a pas manqué l'câlisse, y m'a pogné dret s'une jambe, chu v'nu blême. 

Rendu en bas, j'mécrase sul câlisse de tas de brique. J'pensa mourir là. Rendu là j'me rappelle pu grand chose; chu tout étourdi, ça fa que j'lâche la crisse de corde pis l'baril se met à r'descendre pis me câlisse un coup sa tête pis j'me r'trouve à l'hôpital. 

C'est pour ça que j'demande un congé de maladie.

Traduction :

*Tous les mots se rapportant à l'église (tabernacle, câlice, ostie, etc.) peuvent être remplacés par «putain» en Europe mais ce mot ne fait pas partie des jurons québécois !

Je pensais sauver du temps. J'ai fixé un madrier avec une poulie en haut du bâtiment et j'ai passé une corde dans la poulie avec les deux bouts qui descendent jusqu'à terre. J'ai attaché un baril vide au bout de la corde puis je l'ai monté en haut du bâtiment. Ensuite, j'attache l'autre bout de la corde à un arbre. Là, je monte sur le toit et je remplis le baril de briques.

Ensuite, je retourne en bas pour détacher la corde pour faire descendre le crisse* de baril. Mais le tabarnac* de baril est bien que trop lourd pour moi et, avant que je réalise quoi que ce soit, hostie*, le baril monte en l'air d'un coup. Là je suis trop haut pour lâcher la corde; j'avais pas le choix, j'ai tenu la corde en hostie* (très fort). À moitié chemin, je recontre le crisse* de baril qui descendait. J'ai reçu un calvaire* de coup sur l'épaule; tabarnac* que ça m'a fait mal... 

Mais c'est pas tout : je continue à monter, rendu en haut, j'me prends les doigts dans l'hostie* de poulie... J'pensais perdre connaissance. Quand le baril arrive par terre, le fond pette et le baril se vide. Maintenant, ciboire*, je suis plus lourd que le baril; ça fait que je descends en tabarnac* (très vite) pis, à moitié chemin en descendant, je rencontre encore le crisse* de baril qui, lui, montait. Il ne m'a pas manqué l'câlisse*, il m'a accroché une jambe et je suis devenu blême. 

Arrivé en bas, j'mécrase sur le câlisse* de tas de brique. Je pensais mourir là. Rendu là, je me rappelle plus grand chose. Je suis tout étourdi ça fait que je lâche la crisse* de corde. Le baril se met à redescendre pis me donne un sacré coup sur la  tête et je me retrouve à l'hôpital. 

C'est pour ça que je demande un congé de maladie. 

On lui a donné son congé sans rouspéter...