Ralph Toledano lance un appel international pour stopper le massaccre.
(Extrait d'un courrier transmis à un ami.)
Cher Ami,
Suite à notre conversation d’hier soir et comme promis, je t’envoie un résumé de la triste situation qui s’est créée à Tanger ces derniers jours.
Au coeur de la nuit du vendredi 2 au samedi 3 Avril, en pleine fête de Pessah, plusieurs machines de démolition sont intervenues sur le site de l’Hôpital Benchimol pour le raser. Ordre du Wali déclarèrent les ouvriers au gardien désespéré. Tu verras une belle image de l’entrée de la vénérable institution p.78 de mon livre, ornée d’un verset d’un psaume du Roi David. Ce genre d’horaires est étrange pour une démolition, de même qu’est étrange le choix du shabbat de Pessah, alors que les quelques membres actifs de cette communauté très réduite se trouvaient à l’étranger. L’information m’est parvenue par Sonia Cohen Azagury qui se trouvait chez sa fille à New York.
L'hôpital, crée il y a cent dix ans était un des nombreux repères patrimoniaux de Tanger, il rejoint la liste sans fin des édifices historiques de la ville victimes du marteau piqueur. La communauté juive de Tanger est propriétaire légale de l’hôpital. Cela signifie-t-il que le respect du droit n’existe plus au Maroc? Je ne peux l’imaginer, convaincu que c’est une regrettable initiative du seul Wali, à l’insu du gouvernement de Sa Majesté. Ce n’est pas seulement le caractère juif de l’édifice qui élève mon émotion. Toute destruction de témoignage historique représente une perte irréparable, le patrimoine étant la seule valeur qui ne puisse se reconstituer. Cela faisait quelques temps que le bruit me parvenait selon lequel les autorités locales voulaient détruire l’Hôpital. J’entendais que le but (étrange) était de transformer en jardin public son tout petit terrain sans atout particulier qui jouxte l’ancien palais du Sultan Moulay Hafid. Il ne faut pas mépriser les rumeurs, il arrive souvent quelles s’avèrent.
Un autre écho dont je ne voudrais pas attendre qu’il se transforme en une réalité me parvient de Tanger. La Municipalité aurait des visées sur notre cimetière de dar el San’a, situé rue du Portugal, face à Bab America. Le cimetière qui fit l’objet d’une concession négociée à la fin du XVIII siècle entre notre Communauté et le représentant de Sa Majesté Chérifienne s’étend sur le terrain d’un ancien bastion de la muraille portugaise.
Il mesure plus d’un hectare, et comme il convenait à un bastion, sa vue stratégique embrasse le Détroit. Nos rabbins vénérés, nos saints et les membres moins illustres de nos familles y reposent. Je ne peux imaginer sans un frémissement d’horreur l’éventualité du saccage de ce lieu saint ( p.62 de mon livre).
Je ne voudrais pas imaginer non plus celui du Cimetière de Castille à Tétouan (pp.12-14 de mon livre) datant du XV siècle dont la position n’est pas moins admirable.
Voici les informations promises.
Avec toute mon amitié,
Ralph Toledano
"La Dépêche du Nord" Samedi 10 avril 2010