Je me souviens que l'écrivain piémontais Pierre Lexert terminait ses lettres à Brigitte Giraud par ces mots : " Tiens-toi gaie !"
Dans la petite tempête qui souffle à mes oreilles, je crois entendre sa voix.
Se tenir gai comme se tenir bien. Ce n'est pas la posture d'une joie feinte et encore moins le masque des béatitudes. C'est aller chercher au fond de soi et hors de soi ce qui permettra le passage du sourire.
Un coin de ciel entre deux toits, le remuement calme d'une frondaison, un éclat de verre égaré sur un trottoir, quelques brassées de femmes et d'oiseaux à quai du voyage...
Arpenter aussi les lieux sûrs du corps et s'étonner de ce qui frissonne dans la marche. Donner au paysage de soi un mouvement que ne courberont pas les peines.
Relever la tête, toujours, et tresser avec lenteur les lignes d'horizon, pour que chaque atome de conscience perle comme un grain de sable.