J'ai l'impression qu'on n'a jamais autant prononcé ce mot magique, raison de vivre de ce site. A la télé, dans les journaux, sur Internet. L'apéro est sur toutes les lèvres. Depuis le "record" du rassemblement géant de Rennes il y a trois semaines, c'est l'effervescence. Même ma grand mère m'a appelé juste après en avoir entendu parler sur TF1, qui a largement couvert l'événement avec un reportage le jour même, et un autre le lendemain. "C'est toi qui à organisé l'apéro géant à Rennes ?"
L'info s'est répandu dans toute la France et tout le monde à eu la même idée "nous aussi on va faire un apéro géant et on va battre le record". Certaines municipalités et régions ont vite réagi et interdit tout rassemblement de ce genre. Comme à Caen et à Montpellier. D'autres préfèrent jouer la carte de l'intimidation, comme à Chartres, à Arcachon, à Nancy, à Angers ou à Redon, où les autorités ont rappelées aux organisateurs leurs responsabilités et les risques qu'ils encouraient. Mais ça n'arrête pas le mouvement. Nantes essaye de regagner le titre, Brest qui remet ça après son succès de vendredi dernier, Lyon qui fait durer le suspens, Orléans avec une variante speedmeeting, Montpellier qui brave l'interdit, Lorient, Clermont, Boulogne-sur-mer, Nîmes, Clermont-Ferrand etc...
Et le problème est bien là. Qui est responsable? Car la convivialité a bel et bien un prix, celui de l'organisation. La viralité des réseaux sociaux, désormais adoptés par un très grand nombre, à de quoi rendre fou les autorités qui peuvent être submergés par un rassemblement de plusieurs milliers de personnes qui s'organise en quelques jours seulement. Elles ont beau rappeler l'obligation d'avoir une autorisation préfectorale pour un événement de plus de 1 500 personnes et l'interdiction de consommer de l’alcool sur la voie publique, rien n'y fait.
Mais c'est surtout l'absence de précautions, d'interlocuteurs sérieux voir même de considération tout court qui les gènes le plus. Impossible dans ces conditions d'organiser l'encadrement que nécessite de tels regroupements. Le risque de débordement étant réel. Même avec toutes les bonnes intentions des meneurs et des participants.
A Nîmes, les organisateurs n'oublient pas de rappeler que l'apéro n'est pas une réunion de buveurs frénétiques, mais un instant convivial d’échange et de partage. Le but énoncé n'étant pas de vider sa bouteille en 30 secondes mais de participer à un mouvement populaire (l'apéro powa). Et voir qu'elle ville se mobilisera le plus. A l'image des flash mob. La surenchère se fait avec le nombre et non pas dans les dérives. "Que tous ceux qui désirent se "bourrer" aillent le faire ailleurs. ... Respectons notre ville, les gens, les horaires convenables de nuisances sonores." C'est là toute la différence avec les binges drinking anglo-saxons ou les botellons espagnols auxquelles les détracteurs veulent l'assimiler. A condition bien sûr de ne pas inscrire l'événement Facebook en «Drinking games» comme l'ont fait ceux de Rennes.
Mais jusqu'à présent le bilan est plutôt positif. On déplore quelques "comas éthyliques" (terme employé aujourd'hui à tort et a travers), une agression et une poubelle calcinée.
Alors la question que tout le monde se pose à la capitale, y aura-t-il un apéro géant à Paris ?
Et bien normalement oui. Il devrait y avoir un apéro géant à Paris le dimanche 23 mai prochain. Initialement prevu sur l'esplanade du centre Georges Pompidou, il a été transféré au Champ de Mars, moins original mais plus grand.
La bonne nouvelle de cette histoire est pour les policiers. Ils ont enfin une bonne excuse pour flaner sur Facebook, en attendant la création d'une brigade dédiée.
Classement des apéros géants
- Brest : 6 000 personnes (09/04/2010)
- Rennes : 5 000 personnes (25/03/2010)
- Nantes : 3 000 personnes (10/11/2009)
- Marseille : 2 200 personnes (25/08/2009)
- Caen : 2 000 personnes (08/04/2010)