Jeudi 15 avril, pour la dix-neuvième fois en France, on fête les secrétaires!
On finit par se demander quel (s) lobby(s) vient soutenir cette fête ridicule...que c'est niaiseux et artificiel!N'y a-t-il pas clairement la marque ici, une fois de plus, de la dérive de notre monde aseptisé et poli, qui se rassure derrière des rituels hypocrites et forcés de son humanité? Faut-il VRAIMENT instaurer une fête pour que Patron X remercie d'une attention le dévouement et la productivité de sa secrétaire Madame Y?
Gare! La contamination a traversé les frontières : la Belgique, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Pologne, Chypre, la Slovénie et la Hongrie font de même...c'est d'ailleurs aux Etats-Unis, en 1951, que tout a commencé grâce à Madame Mary Barrett, présidente de l'association nationale des secrétaires qui avait deux objectifs: faire reconnaître la contribution à l'efficacité d'une entreprise des secrétaires et attirer l'attention sur l'immense potentiel de leur carrière.
Ironie du temps: aujourd'hui, seulement chez tous les bons fleuristes, vous trouverez une affiche agrémentée d'un joli brin de secrétaire attendant des fleurs depuis son siège sage de bureau. Hum...où est passé la valorisation des compétences et du métier, là?
Non pas qu'il ne faille pas manifester de l'attention pour son personnel subalterne mais la systématisation d'un évènement le rend caduque. Et puis il y a un "chouia" de condescendance vexante, non, dans l'idée d'un patron offrant une fois dans l'année un cadeau pour se faire excuser de toutes les attitudes crasses qu'il fait subir au quotidien.
Si le propos dérange certains par les clichés qu'il véhicule, tant mieux! Cette fête, telle qu'elle est perpétuée, est une pièce montée de clichés à elle seule!
En plus, déjà que la fête des amoureux ( le 14/02 pour les amnésiques), la fête des mères, la fête des pères, la fête des grand-mères ( créée par le Café Grand'mère...ben tiens!) complique considérablement les dates anniversaire à ne pas manquer...si , de surcroît, on doit penser à sa ( son) secrétaire, à son directeur, à son plombier, à son médecin, à son professeur de gym, à son boulanger, on n'a pas fini de perforer notre portefeuille à coups de cadeaux obligatoires bien-pensants.
Un cadeau doit être spontané, non?
Remarque...et ce sera notre dernière réflexion piquante: voilà une occasion qui devrait arranger au moins une fois par an tous les infidèles du bureau...il y aura une facture chez Interflora qui ne nécessitera pas à la maison de justifications éprouvantes.
Par Julie Cadilhac.