Le poème réclame une attention sans faiblesse au détail (un
accent, une pause), une attention aussi rigoureuse à l’ensemble : elles ne
s’excluent pas, elles rivalisent et elles se complètent
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Non, nous n’initierons pas les enfants à la poésie, comme c’est devenu l’usage,
au moyen des seuls jeux verbaux. Le nombre de syllabes ou la reprise de
quelques sonorités participent à la naissance, à l’expansion du poème, ils lui
sont consubstantiels, mais en les isolant, on en fait des procédés, on s’en tient
au langage, on oublie que l’exigence de l’écriture ne consiste pas en la
fabrication d’un objet. L’écriture, une école des rivages. Le poème n’en est
pas un, qui a la prétention de se suffire. Il n’est vivant que s’il se porte et
nous porte hors de lui.
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L’écoute des mots dont a besoin l’écriture des poèmes, ou leur lecture, ne se
confond pas avec celle d’autrui, au jour le jour, les domaines – les ordres –
ne sont pas analogues, mais avons-nous tout fait pour qu’ils ne soient pas
étanches ?
Pierre Dhainaut, Plus loin dans l’inachevé,
Arfuyen, 2010, pp. 79, 81 & 83.