
Toutes les revues, tous les critiques du registre classique de la musique s’accordent pour encenser son doigté, sa capacité à faire disparaître sa personnalité au profit de celle des compositeurs aux styles tellement variés où elle excelle à se fondre dans une approche inédite de l’interprétation.
Pourtant, Anna Song est, malgré son âge, une « nouvelle » dans le monde des pianistes à ce point adulés.
Alors que, enfant, sa maîtrise et sa dextérité faisaient d’elle une promesse d’exception, alors que ses parents avaient décidé de quitter la France pour que sa mère puisse poursuivre sa carrière en Californie, ce qui lui offrait, à elle, l’opportunité d’ambitionner une intégration à la Juilliard School laquelle lui ouvrait alors grand ses portes, Anna Song avait commencé à ressentir les effets de cette pathologie qui paralyse les doigts d’un instrumentiste, la « dystonie du musicien ». Pas encore commencée, sa carrière s’achevait.
Jusqu’à ce que, des années plus tard, les symptômes ayant enfin disparu, poussée par les encouragements de son mari, elle se remette devant un piano et enchaîne enregistrement merveilleux sur enregistrement magnifique. Et c’est Paul Desroches, son mari, directeur d’une toute petite maison d’édition de disques qui fera reconnaître son talent en diffusant ces interprétations fabuleuses unanimement saluées.

Minh Tran HUY déroule de main de maître une immense histoire d’amour qui flirte avec la folie tant il est une obsession. Mais elle raconte aussi avec une grande maîtrise et une grande sobriété les blessures de l’enfance, celles des séparations, celles de l’exil des peuples pourchassés, celle des petits bonheurs que la vie déchire sans pitié.
Entre les coupures de journaux spécialisés qui ponctuent l’histoire d’Anna Song racontée par son mari, se dessine en pointillés celle de Paul Desroches, admirateur inconditionnel, qui ne vit que pour la musique de sa muse et pour la glorification de son talent derrière lequel il se cache pour mieux le mettre en valeur.
Le récit nous entraîne aussi dans une évocation d’un Viet Nam dont on sent bien qu’il est, pour l’auteur, bien plus que le théâtre dans lequel la famille d’Anna Song a vécu. Il y a une part de retour aux sources, un exorcisme de l’exil et de l’histoire familiale personnelle qui transpire. Le trait est, d’ailleurs, parfois un peu trop forcé à mon goût, mais dans un texte doux et plein de sérénité, malgré les bouleversements qui ponctuent la vie de certains des personnages.

En tout cas, la qualité du livre, de son déroulement, de son écriture, des rebondissements dans lesquels il nous promène, de cet amour immense qui en est le moteur, ne me semblait pas nécessiter ce petit écart qui, au demeurant, reste anecdotique (voire inopérant pour qui ignore le détail de la pique) au regard d’un vrai plaisir de lecture.
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