Récit - Collection Folio - 220 pages - 5.60 €
Résumé : C'est l'histoire d'un incroyable mensonge qui finit dans le sang. Pendant dix-huit ans, Jean-Claude Romand a fait croire à tout le monde, même à ses proches, qu'il avait réussi ses examens de médecine, passé l'internat et qu'il était devenu chercheur à l'OMS. En réalité, il passait toutes ses journées, silencieux et clandestin, sur le bord des autoroutes. En janvier 1993, le faux médecin assassinait sa femme, ses enfants et ses parents.
Emmanuel Carrère reprend ce véritable fait divers, reconstitue l'affaire Romand, la décortique, l'explore. L'auteur a rencontré les amis et l'avocat de Romand, suivi son procès puis il a établi une correspondance avec lui.
Mon humble avis : J’ai lu ce livre dans le cadre d'un challenge/ lecture commune "découvrir un auteur" organisé par Pimprenelle. Ce mois, ci, nos billets portent sur Emmanuel Carrère. Un auteur que je ne connaissais que par son nom et sa bonne réputation. J'ai donc choisi "L'adversaire", livre dont j'avais lu des billets intrigants. Hélas, je pense que mon choix n'était pas idéal pour découvrir un écrivain car il s'agit ici d'un récit, celui de la vie de Jean Claude Roman, qui vécut 18 ans dans le mensonge en ce faisant passer pour médecin chercheur pour l'OMS et qui finira par assassiner ses parents, sa femme et ses enfants. Ce fait divers avait ébranlé la France dans les années 90. Certes, Emmanuel Carrère se révèle ici un excellent narrateur de cette affaire, tout aussi bon "metteur en scène" de cette triste tragédie pour la transposer dans un livre, non sans un certain suspens, même si la fin est connue de tous. C'est sans doute le plus grand talent développé dans cette œuvre : tenir le lecteur en haleine avec une histoire dont tout le monde connaît la fin, en gardant une certaine distance et objectivité et surtout sans voyeurisme malsain. Mais ce n'est pas avec ce type de récit que l'on peut prétendre connaître un auteur. Car ce que j'admire le plus dans le travail des romanciers, c'est justement l'aspect créatif de l'histoire....
Néanmoins, l'écriture est plaisante et j'ai apprécié l'évocation des démarches de l'auteur pour parvenir à transcrire ce drame. Emmanuel Carrère partage avec le lecteur ses doutes et ses hésitations. Et comme lui, je dirais que l'on a du mal à se forger une opinion précise à propos de Jean Claude Roman : Etait-il malade, fou, terriblement malheureux ou simplement mais terriblement machiavélique. A t-il dupé tout le monde jusqu'au bout ou était il victime d'une maladie psychiatrique.... je suis d'ailleurs étonnée qu'un tel personnage n'ait pas été déclaré non responsable de ses actes lors du procès.... Mais dans le doute... Oui, il subsiste à la fin de se livre un terrible doute que l'auteur laisse délibérément, par plaisir sadique ou parce que lui même n'a pas la réponse ? Je penche pour la deuxième hypothèse.
Un petit bémol tout de même, j'aurais aimé qu'Emmanuel Carrère approfondisse un peu plus la solitude quotidienne et psychologique qu'à du vivre Jean Claude Roman durant toutes ces années. Que faisait-il de ses journées ? N'est-ce pas cette solitude qui aurait fini par le rendre fou ?....
Un livre intéressant, mais qui ne me suffit donc pas à me faire une idée sur l'œuvre d'Emmanuel Carrère.... Une autre lecture est donc à prévoir !!!