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De quoi Monplaisir est-il le nom ?

Publié le 14 avril 2010 par Unpeudetao

Pour une stratégie coordonnée de réponse à l’urgence sociale

Un projet intéressant de centre d’hébergement devait voir le jour à la clinique Monplaisir, Lyon 8ème, porté par l’association Régis et l’Opac du Rhône.
Ce projet visait à la fois à mieux répondre aux situations les plus dramatiques des personnes à la rue et à remplacer les capacités d’un foyer provisoire,
déplacé d’année en année et aujourd’hui accueilli dans des locaux non-conformes aux normes de sécurité.

Le projet était bouclé financièrement, mais a été sabordé par la Ville de Lyon, malgré le soutien affiché des adjoints concernés, au triple motif du besoin
de mixité sociale dans l’arrondissement populaire du 8ème arrondissement, du manque de concertation avec les élus locaux et des alternatives possibles
inexploitées.

Quoiqu’en désaccord avec ces trois arguments et solidaires de l’association Régis, les associations de solidarité du Rhône ne souhaitent pas entretenir
la polémique, mais au contraire œuvrer à ce qu’un pareil gâchis ne se reproduise plus et que chacun puisse contribuer au mieux, dans le respect de ses
fonctions, à l’objectif partagé de répondre aux besoins sociaux du département.

Au-delà de ce projet, aujourd’hui dans l’impasse, c’est l’approche politique de l’urgence sociale et les mécanismes de programmation des réponses qui méritent
d’être redéfinis.

Sur le fond, la hantise de porter la « charge » d’un équipement de solidarité n’est pas acceptable. Il n’est plus possible de considérer les personnes victimes
de l’exclusion sociale comme étrangers à la cité. Les discours et les pratiques locales à l’adresse des étrangers, des sans-abri, des prostituées, des
malades mentaux, des jeunes, etc. tendent à se durcir. Ces personnes constituent pourtant la ville au même titre que les autres : la France rêvée, peuplée
de classes moyennes n’existe pas.

Les habitants de l’agglomération étouffent sous des logements trop chers pour eux : le parc privé est devenu inaccessible à une majorité, les logements
sociaux produits ne sont pas calibrés pour répondre à la demande (du coup, un PLS sur deux est occupé par un ménage éligible au PLA-I), les hôpitaux psychiatriques
ferment des lits, les étrangers voient leurs droits sociaux fondre au fil des ans. Cela illustre une tendance générale à espérer une ville loin de ses
caractéristiques sociales effectives. Or il n’y a que trois options possibles : rendre tous les habitants suffisamment riches pour être à la hauteur du
marché, produire des solutions conformes aux besoins sociaux, ou assumer les explosions sociales qui découlent du décalage entre les besoins et les réponses.
Une seule de ces trois options est à la fois crédible et souhaitable. Il est temps que nous assumions collectivement l’idée que les marges de la société
en font pourtant partie : les exclus sont ici chez eux.

Et ce n’est pas tout de le dire. Comme en amour, il n’y a pas de solidarité, il n’y a que des preuves de solidarité.

Au-delà des enjeux de fond, le pataquès de Monplaisir illustre l’absence de stratégie de programmation des dispositifs d’hébergement. Chaque projet est
discuté dans diverses antichambres, sans que les lieux de la décision soient clairement définis, ni les projets intégrés à une vision d’ensemble.

Techniquement, ces centres sont désormais financés en PLA-I. Une instance collégiale de programmation est normalement dédiée à l’instruction des projets,
l’Instance de Coordination de la Charte de l’Habitat Adaptée (ICCHA), mais elle n’est aujourd’hui associée à aucun d’entre eux, hormis les résidences sociales
et maisons relais. La conséquence est de soumettre les projets à l’arbitraire des tensions entre acteurs, des clivages entre élus, des rivalités associatives.
Nous avons tous besoin de retrouver un climat apaisé, des instances collégiales pour des décisions partagées. L’enjeu de la protection minimale que nous,
société civile et institutions publiques, devons aux citoyens de nos villes, est trop important pour nous autoriser la cacophonie actuelle. Les outils
existent, les financements aussi. A nous de les faire vivre.

Nous demandons que la « fermeture de la saison de chasse aux exclus » soit décrétée dans l’ensemble des instances politiques des collectivités territoriales
et qu’une rencontre entre les financeurs et les opérateurs de l’hébergement, mais aussi les détenteurs d’opportunités foncières et immobilières se tienne
très rapidement, pour décider des modalités pérennes de programmation des réponses aux besoins sociaux constatés sur l’agglomération lyonnaise.

FONDATION ABBE PIERRE

Marc UHRY

et

ATD QUART MONDE Rhône-Alpes,                    ANTENNE SOCIALE,                  ALPIL,

LIGUE DES DROITS DE L'HOMME Fédération du Rhône,                 FSU 69,

CLLAJ DE ST PRIEST,                  LA CIMADE,                     AVDL

(COLLECTIF LOGEMENT RHÔNE)

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http://www.collectif-logement-rhone.net/
 


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