La triste histoire polonaise m’a personnellement touché. Est-ce la ressemblance avec une histoire plus personnelle et municipale qui m'a marqué (et effondré) il y a quinze jours ? Est-ce l’affection que j’ai vis-à-vis de ce pays et de ce peuple, aussi de part la connaissance de nombreux(ses) personnes d’origine polonaise ? Est-ce parce que la brutalité de la disparition nous met tous en face de ce coté insupportablement éphémère d’une vie, qui touche et nos proches qu’on aime, mais aussi les puissants de ce monde ? Est ce rappel sans appel que nous sommes tous immortels ?
Il y a eu plusieurs billets remarquables à propos de ce terrible évènement. D’abord mon ami privilégié Mathieu, qui a écrit un billet vis-à-vis duquel je suis totalement en désaccord. Dans un billet volontairement polémique, notre ami se demande « pourquoi se passionne-t-on pour la mort du président polonais ». Déjà je trouve la question assez mal posée. Au moins sur le verbe « passionner ». Pour ma part, je me passionne pour la fin du championnat de France de football, moins sur la mort des gens, qu’ils soient des proches ou des personnes connues…
La thèse de Mathieu est assez violente dans le sens où pour lui, les « médias ont flairé une niche intéressante au niveau de l'audience ». Et qu’ainsi « nos médias jouent sur les bas instincts, une fois de plus... ».
Son billet a eu de l’écho. En ce sens, il est réussi. Je le trouve néanmoins injuste, et même un peu blessant (involontairement) vis-à-vis de personnes qui ont pu être touchés. Comme des amis d’origine polonaise. Comme moi également, qui n’a pas besoin généralement des médias pour me donner tel ou tel sentiment.
J’ai reçu l’information via Twitter samedi matin au Leclerc vers chez moi (oui je twitte dans le rayons fruits et légumes, il faut toujours twitter…), et ça m’a sincèrement coupé les jambes. Et je ne suis pas proche d’un président polonais vis-à-vis duquel j’ai des divergences idéologiques fortes... J’aime la Pologne, mais sans être un passionné de ce pays. Mais la brutalité de l’évènement, et cette peine ressentie par un peuple qui se prend un coup dans le foie, m’ont profondément ému. Suis-je de fait une victime de ces médias rapaces ? Non, je ne crois pas…
Et posons une autre question : pour ne pas surfer sur l’émotion, les médias auraient ils du taire cet évènement ? Je ne le pense pas. Parce que ce qui s’est passé en Pologne, pays d’Europe dont les liens avec la France sont évidents, est un évènement. Et que même s'il peut pousser au pathos, voir un peuple dans le deuil, et s’interroger après, plus tard, sur les conséquences politiques, c’est de l’évènement. Et c’est le rôle des médias de nous le montrer. Sans arrières pensées…
Je vais mettre un parallèle douteux (mais j’ose). La mort de Mickael Jackson, ou l’accident de l’Airbus de Rio de Janeiro. Dans le premier cas, je confesse que cette disparition m’a laissé indifférent. Sans doute des disparitions d’autres personnalités célèbres me toucheront. La disparition de Robert-Louis Dreyfus m'a touché. Celle de Mickael Jackson non. Pour autant, j’avais trouvé des remarques inutilement blessante sur le web : écrire un billet pour dire « je me fous qu’un tel meure, et voir des gens tristes à la télé ça me gonfle », c’était peut être un gaspillage inutilement blessant de bande passante…
Pareillement l’accident de l’Airbus. Oui les médias ont mis du pathos là dedans. Trop pour certains. Personnellement, j’écoutais et suivais en tant que spectateur, mais sans plus, sans émotions particulières. J’ai su quelques temps après qu’un ami très proche avait perdu une connaissance dans cet avion, et que ça l’avait bouleversé…
Je ne sais pas s’il est très opportun de vouloir accuser les médias de flatter nos plus bas instincts, quand ils ne font « que » rapporter une information importante.
Auquel cas, il faudrait toujours critiquer les médias, sur n’importe quelle information. Ils parlent de ce que fait le gouvernement : ils sont pro sarkozy. Ils parlent de ce que propose l’opposition : ils sont antisarkozy, ou gauchiste, ou les deux. Il parle de la possibilité d’une bombe nucléaire chez les terroristes ? Ils sont sensationnalistes et cherchent à faire peur. Ils parlent du jeune ignoblement tabassé à Grenoble ? Ils font le jeu du FN. Ils parlent de la Coupe de France ce soir ? Ils n’ont que ça à foutre les médias ? Etc, etc…
A coté de ça, Lady Waterloo et le Chafouin posent deux questions qu’on se pose tous je crois… Mais sans vraiment oser poser. Lady demande simplement « Et si c’était nous ? ». Et Chafouin va plus loin en nous demandant si, nous aussi, « nous défilerions avec des petites bougies »… Je ne cite pas le Stephane Guillon de ce matin : ça fera un buzz, mais vraiment je ne suis pas fan de cet "humoriste"...
Il y a une facilité incroyable à tomber dans la caricature en posant ce genre de question. Pourtant nos deux amis de blogs ont répondu avec sensibilité, humanité, et ont écrit deux très jolis billets.
J’ai du mal à me poser la question de savoir « et si ça se passait chez nous ?». J’y répondrai sans doute sur le blog, en choisissant mes mots. Parce qu’on parlera de notre Président, qui ne laisse pas indifférent, c’est le moins qu’on puisse dire. Et parce que je ne souhaite pas vivre cet évènement en France…
Mais aussi parce que, et je vais le répéter encore souvent (aussi pour m’aider à accepter cette réalité qui est la mienne), j’ai vécu ce choc il y a plus de deux semaines. Quand un coup de fil à 7h30 m’annonça le décès d’un ami très proche, qui était aussi accessoirement maire de mon village, ben… Ben on ne pense plus à grand chose, sinon à rester assis et à faire gaffe quand on va se lever...
Il n’y avait pas de petites bougies dans les rues de mon village, mais une peine sincère et forte...
Sinon quand même pour sourire un peu en fin de billet, les Guignols de l’Info de hier soir… C’était idiot, mais ça m’avait sourire… Le lien est ici, chez le très bon FullHDReady. Parce que quoi qu’on ait mal dedans, il faut toujours continuer à se marrer il parait.
Alors marrons nous…
(les photos : Varsovie, Cracovie, Wroclaw)