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L’UMP refuse à Rachida Dati une nuit dans un cinq-étoiles genevois
Publié le 13 avril 2010 par Icicmoi
Le 15 mars 2010, au lendemain de sa disgrâce élyséenne, Rachida Dati était à Genève. L’ancienne garde des Sceaux arrive en fin de journée à l’hôtel Mandarin sur les berges du Rhône. Un palace cinq étoiles très prisé de la riche clientèle d’affaires. Elle rencontre quelques journalistes, puis file rejoindre les studios de la TSR pour une interview en direct avec le présentateur du journal, Darius Rochebin. Ce jour-là, Rachida Dati n’est pas à prendre avec des pincettes. La raison de ce voyage éclair est une conférence sur le thème des restructurations industrielles en Europe devant les membres d’Expatria cum patria, une association d’expatriés proche de l’UMP. Mais la députée européenne est en soucis. La curée commence La veille, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, lui a retiré sa voiture et son chauffeur. Le Canard enchaîné rapporte que le président de la République s’agace de la voir commenter les résultats des élections régionales sur les plateaux de télévision alors qu’elle n’a rien fait durant la campagne. Depuis, on sait que l’entourage de Nicolas Sarkozy la soupçonne aussi d’avoir alimenté les rumeurs sur le couple Bruni-Sarkozy. On lui reproche également de nourrir des ambitions pour la mairie de Paris. Le 15 mars, la curée ne fait que commencer. Rachida Dati le découvre à sa descente d’avion. Lorsqu’elle arrive à Genève vers 17 heures, on lui apprend que le secrétariat de l’UMP à Paris refuse de prendre en charge la réservation de sa chambre à l’hôtel Mandarin. Trop cher, aurait-on fait savoir. L’UMP lui a fait réserver une chambre au NH Hôtel, un établissement situé près de l’aéroport international de Genève, en bout de piste, route de Mategnin à Meyrin. Même si l’établissement est bien coté, le cadre est nettement moins glamour. Ce quatre- étoiles est situé en bord de route et près d’un terrain vague qui sert de parking au centre commercial voisin. Ce n’est pas un hôtel étape pour V. I. P., mais plutôt pour V. R. P. (représentant de commerce). Le prix de la chambre est de 200 francs au lieu de 500 francs. A chaud, l’ancienne garde des Sceaux se borne à trouver la manœuvre mesquine. Mais une bien plus mauvaise surprise attend Rachida Dati. A 23 h 30, lorsqu’elle arrive à son hôtel, la réceptionniste ne trouve pas la réservation. Rachida Dati est au bord des larmes. Finalement, on découvre qu’une chambre double a bien été réservée, mais au nom de son attachée parlementaire. Il semble qu’elle ait dû se résigner à faire chambre commune. Le secrétariat de l’UMP confirme la réservation dans un hôtel de Meyrin, mais conteste le caractère punitif de cette décision. L’hôtel choisi par l’UMP «Comme il est d’usage pour l’ensemble des membres de l’UMP qui se déplacent à Genève, on réserve au NH Hôtel parce qu’il est le plus proche de l’aéroport et le plus pratique. Pour Mme Dati, on a procédé de la même manière», explique une porte-parole. Laquelle assure, contrairement à ce que laisse entendre un proche de l’ancienne garde des Sceaux, que cette affaire d’hôtel «n’est pas remonté jusqu’au cabinet de Xavier Bertrand», secrétaire général de l’UMP. Et d’ajouter: «Cela s’est traité au niveau administratif.» Quant à la chambre double, l’UMP rejette toute responsabilité. Visiblement, l’hôtel était plein ce soir-là. A Paris, il y aurait bien deux bordereaux de réservation, l’un au nom de Rachida Dati, l’autre au nom de son attachée parlementaire. Sollicité, le secrétariat de l’ancienne garde des Sceaux est resté muet.source www.tdg.ch