Cette semaine, 4 conseils municipaux ont été secoués par des démissions, des changements de majorité, des départs. N'accusons pas le printemps et ses montées d'hormones, la période actuelle est celle du vote des budgets, propice à la cristallisation d'oppositions sur des sujets sérieux : le pognon. C'est pour ça qu'on parle du coup d'éclat de Bartolone qui a fait voté un budget départemental en déséquilibre.
4 communes donc, où les majorités ont plus ou moins explosé.
Cesson tout d'abord, le cas le plus spectaculaire, parce que c'est carrément le maire qui quitte sa fonction, afin de calmer les esprits. L'opposition, de droite comme de gauche (les socialistes et apparentés) a focalisé sur la personne (certes passionnée) de Jean-Marc Brûlé. Afin de calmer le jeu, il a quitté la scène et se concentrera donc sur son mandat de conseiller régional.
- L'article du Parisien 77
- Antoine Parodi est écœuré ; son billet est à prendre également comme la position du secrétaire départemental de Seine-et-Marne.
Dans d'autres villes, certains socialistes cherchent à prendre la revanche des européennes et des régionales, en luttant contre les écologistes. A Montreuil, par exemple, Dominique Voynet doit faire face aux mêmes procédés qu'à Cesson. Au mois de janvier, à Toulouse, le maire socialiste s'est assis sur l'accord électoral de 2008 en retirant la délégation aux transports de Stéphane Copey (Vert). Sans oublier qu'aux municipales de 2008, les socialistes de Montpellier et de Grenoble avaient préféré le Modem aux écologistes, qui avaient pourtant obtenu des résultats importants.
Pour ce qui est de la Seine-et-Marne, en tant que secrétaire départemental, je n'oublierai cependant pas le sort qui est aujourd'hui fait à Cesson et à Jean-Marc Brûlé. On ne peut pas d'un côté prôner l'union et le rassemblement, et de l'autre ne pas hésiter à sacrifier une majorité municipale sur l'autel de la domination sans partage d'une force politique.
À Aulnay-sous-Bois, tout le groupe Verts a décidé de quitter la majorité, y compris les adjoints :
Alain Amédro a résumé sur Twitter durant le Conseil que les raisons de ce désaccord profond sont « sur les méthodes et sur ce qu’est la gauche ». Les points de critique ont été nombreux notamment le « démantèlement de la direction de l’environnement et du développement durable », la suppression du projet de la Roseraie du budget, le problème des embauches de gens, « souvent des amis »; « l’équilibre rompu par [les] méthodes sans concertation [du maire] », le « fait du Prince », les nombreux avertissements qui n’ont « rien changé », la différence « inacceptable » entre « les discours et la réalité des faits ». Il estime ainsi que le maire a « divorcé [des] engagements et des valeurs de la gauche » et que « compromis ne veut pas dire compromission ».
Montreuil, pour quelques 2 %...
Comme à Cesson, la hausse des impôts locaux sert de prétexte. Un article du JDD résume pas trop mal la situation. En gros : les fabiusiens quittent la majorité, avec l'assentiment et le soulagement des socialistes légitimistes et les partisans de Brard, qui considèrent toujours la victoire de Voynet comme un accident. À l'instar de la victoire de Brûlé à Cesson.
En toile de fond, les cantonales de l'année prochain, où un canton de Montreuil est renouvelable et largement à gauche. Gagnable par un candidat écolo également. Les socialistes dissidents fabiusiens (donc proches de Bartolone) se sont également retrouvés, au fur et à mesure du mandat, de plus en plus seuls puisqu'une bonne partie des associatifs de la liste de 2008 ont rejoint qui les Verts, qui Europe Écologie.
Le blog Place de Montreuil, proche de l'équipe municipale écologiste[1], relate toute l'histoire, depuis les boycotts de conseil municpal par Viprey et Martinez jusqu'aux suspensions de délégations par Voynet :
- Désertion au conseil municipal
- Désertion au conseil municipal, suite 2
- Pour quelques 2 % de plus, de la désertion à l'opposition à Montreuil
Noisy-le-Sec contre le budget, Aulnay bis
Là encore, une histoire de budget. Le blog des Verts de Noisy-le-Sec reproduit l'intervention d'Anne Déo, désormais ex-adjointe au maire :
Madame le Maire manque de courage politique, elle semble plus préoccupée de sa « réélection » en rassemblant une « cour » autour d'elle que de son engagement envers les Noiséens. Depuis deux ans, le dialogue avec les élus n'a pas été établi, les débats sur les sujets qui « fâchent » qui auraient dû être affrontés avec sérénité et le souci du compromis ont été reportés. Aucune vision politique d'ensemble n'a été exprimée devant la population
Fidèles au mandat que nous ont donné les Noiséens, nous ne pouvions ni accepter les choix politiques du budget proposé ni nous taire devant la faillite de la gouvernance de la ville.
Ici un refus de l'augmentation des impôts, là au contraire une opposition à cause d'une hausse défendue par les Verts. Difficile de s'y retrouver, franchement. Sauf à considérer que le vote du budget ne fait que révéler des tensions souterraines trop longtemps enfouies. Les 2 types de situation (écolos majoritaires à Montreuil et Cesson ; écolos minoritaires en majorité à Aulnay et Noisy-le-Sec) révèlent une réelle volonté de la part de certains socialistes de faire échouer les écolos quand ils sont aux commandes. La fin du PS tout puissant, habitué à un PCF discipliné, doit être regrettée par pas mal de socialistes au niveau local.
Je laisse le mot de la fin à Antoine :
Ne nous y trompons pas, il ne s'agit pas d'une stratégie concertée au niveau national, lequel cherche au contraire une situation apaisée pour préparer aux mieux les prochaines échéances électorales. Les résultats des régionales lui donne raison : il y a une place pour de bons scores pour les socialistes, et de bons scores pour les écologistes.
Notes
[1] Et on ne pourra pas reprocher à Patrick Petitjean une voynetôlatrie extrêmiste, ou ce serait bien mal connaître Montreuil !