Paris-Roubaix: reportage dans l’Enfer du Nord…

Publié le 13 avril 2010 par Pierre

Le Comptoir a dépêché pour vous fidèles lecteurs ses deux meilleurs spécialistes de cyclisme, Martin Van den Bakke et Franz de Witt,  pour vous relater l’édition 2010 de Paris-Roubaix. Ambiance…

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En direct de Paris-Roubaix

Un dimanche, le 11 avril à Vertain près de Solesmes dans le Nord. Le paysage est brut et sans concession. La terre est plate, un vent d’est vous transperce les os. Ici, belges et français ne forment qu’un peuple réuni autour d’une même passion, Paris-Roubaix, l’enfer du Nord.

En attendant les coureurs, les pronostics vont bon train et certains décapsulent une bière du Nord afin de maintenir leur neutralité thermique. Pour les reporters du Comptoir, c’est une Vivat de printemps qui fera office de réconfort.

Franz de Witt : T’sais Martin, j’vois bien une surprise. Boonen et Cancellara vont  se neutraliser et Juan Antonio Flecha va en profiter pour gagner.

Martin Van den Bakke : Cancellara a l’air tellement en forme et il a fait une telle démonstration au Tour des Flandres que j’le vois l’emporter.

Les premiers véhicules officiels déboulent sur les pavés, signifiant ainsi que les coureurs sont à l’approche. Une voiture France-Bleue surmontée d’un haut-parleur nous informe qu’une quinzaine de coureurs échappés devance le peloton de 4 minutes à l’approche de ce troisième secteur pavé. Les baroudeurs de la première heure passent enfin devant nous, l’écume aux lèvres et la morve au nez, indépendamment de  leur pays de naissance.

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Martin Van den Bakke : Vin’diousse, tous les coureurs en bavent sur Paris-Roubaix, d’où qu’i viennent .

Franz de Witt : Godfordum, ils ont déjà l’air à bloc !

Nul doute cependant que ces échappés allaient à terme se faire reprendre par le peloton des favoris que nous voyons enfin arriver après une attente silencieuse. Au loin, un impressionnant nuage de poussière qui s’élève dans les airs sous les puissants coups de pédale nous annonce l’arrivée de la meute de poursuivants et fait naître dans la foule un brouhaha grandissant. Les maillots aux couleurs ternies nous frôlent à une telle vitesse que nous ne parvenons pas à distinguer le visage des coureurs, lesquels ne font plus qu’un, telle une horde furieuse. Tout s’est déroulé en un souffle brutal.

Hagards, nous demeurons sans réaction et constatons que cette même terre qui recouvre nos cheveux et nos visages s’est également répandue dans nos verres de bière. Vient ensuite l’interminable cortège des véhicules suiveurs que clôt la légendaire voiture-balai.

Bien que les conditions climatiques fussent favorables car sans pluie, Paris-Roubaix demeure dans toutes les circonstances une course d’élite pour des athlètes hors-normes. Et le peuple du Nord, venu en nombre, ne s’y est pas trompé.