A l'occasion de la rencontre qui a opposé le Stade Toulousain au Stade Français, dimanche dernier, on a pu constater que le comportement d'une partie du public du Stadium municipal de Toulouse se rapprochait davantage de la chose footballistique (dans ce qu'elle peut avoir de détestable) que de l'ovalie.
Sifflets, bronca, noms d'oiseaux à l'encontre des joueurs du Stade Français (Sylvain Marconnet et Rodrigo Roncero étant plus particulièrement visés), et pour couronner le tout, une banderole du meilleur goût (sortie seulement au moment où Toulouse a pris un avantage décisif) déniant aux Parisien le droit de gagner car situés du mauvais côté de la Loire.
Tout cela est bien loin des valeurs qu'on prête à ce sport. Evidemment, on ne mettra pas tout le public dans le même sac. Par ailleurs, certaines circonstances ont pu jouer. On pense aux propos tenus par le Parisien Mathieu Bastareaud il y a quelque temps, qui accréditaient l'existence d'un contentieux entre Paris et Toulouse. Mais l'argument paraît un peu court.
Tout comme celui qui prétendrait voir dans ces attitudes une coïncidence avec le fait qu'elles interviendraient lors de matches auxquels assistent un public de non connaisseurs. C'est une explication, mais elle n'est pas suffisante. Le contre exemple des rencontres organisées au Stade de France nous montre bien que le "grand public" n'est pas forcément animé de mauvaises intentions, et, a contrario, on assiste dans des enceintes traditionnelles du rugby à des débordements du même accabit que ceux observés au Stadium.
La médiatisation à outrance, qui fait passer le match Toulouse / Stade Français pour un "classico", terme emprunté au football, peut aussi expliquer ce phénomène de crétinisation de certains "supporters".
Peut-être faut-il simplement voir dans l'attitude de ces spectateurs le reflet de nos sociétés contemporaines, où la compétition, protéiforme, est aujourd'hui exacerbée, où la loi du plus fort autorise les comportements cyniques et irrespectueux d'autrui.
N'étant pas sociologue, on se gardera d'avoir une opinion tranchée sur la question. En tout cas, il est difficile de ne pas éprouver du dégout face à ce phénomène, à l'instar de nombreux amoureux du rugby en général et du Stade Toulousain en particulier. Ce club n'est pas tout à fait comme les autres. Il incarne une "certaine idée du rugby" et peut à bon droit se revendiquer comme un symbole de l'ovalie hexagonale.
C'est pour cette raison que le comportement d'une fraction de ses supporters est peut-être moins acceptable encore.