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Dominique de Villepin et l'effet Katrina

Publié le 13 avril 2010 par Exprimeo
Dominique de Villepin aborde la dernière ligne droite avant le lancement de son mouvement dans un contexte politique profondément changé : "l'effet Katrina" n'a-t-il pas frappé la "majorité présidentielle" depuis les régionales de mars 2010 ? Au cours des dernières années, il a été admis que la véritable rupture dans le second mandat de Bush datait du cyclone Katrina en 2006. D'un seul coup, derrière les effets médiatiques, l'opinion avait eu une double révélation : l'impuissance et l'indifférence. L'impuissance de la première force internationale à prévoir, à sauver, à organiser efficacement des secours sur son propre sol. L'indifférence d'un pouvoir qui survole les souffrances, qui effectue une déclaration compatissante et repart pour ne jamais revenir. "L'effet Katrina" était né. Depuis cette époque, les observateurs ont cherché à identifier les facteurs techniques de telles ruptures. Le récent et remarquable article de Christian Salmon dans le Monde du 04.04.10 est l'une de ces contributions parmi beaucoup d'autres. De toutes ces contributions qu'en ressort-il ? Il y a un moment où l'opinion n'est plus dupe du renoncement, n'est plus dupe de la scénarisation. L'opinion alors se retire. Elle ne veut plus être partie prenante de ce qui lui apparaît un "jeu" sans effet pratique. L'effet Katrina c'est la fin anticipée d'un mandat quand un détenteur du pouvoir perd à la fois la confiance et la crédibilité. Il faut attendre quelques jours encore, mais c'est cet effet qui guette les pouvoirs publics dans une affaire comme celle de la violence sauvage de Grenoble. 1) L'opinion ressent que la visite ministérielle ne règle rien. 2) L'opinion ressent que les annonces lors de la visite ministérielle n'améliorent rien. 3) L'opinion sait que les véritables facteurs de cette violence sont ailleurs : chômage à un taux record dans certains quartiers, urbanisme trop densifié, marginalisation des services publics scolaires dans leur fonction d'enseigner des règles de vie collective, abandon des familles de leurs fonctions éducatives ... La situation est aujourd'hui dramatique. Mais elle sera encore pire demain car ces jeunes exclus paraissent incapables d'être des adultes réinsérés ? Comment "organiser" une vie entière d'exclusion probable ? 4) Face à ce "bon sens de la base" qui connaît les bonnes questions et cherche à esquisser quelques réponses solides, le "jeu politique" devient un théâtre de simples gesticulations. L'effet Katrina c'est cet instant de renonciation à rester prisonnier d'une scénarisation politique qui vise à cacher l'impuissance acceptée en mesures à venir. Cet effet est né dans la vie politique Française lors des régionales de mars 2010. L'abstention record a été l'un des marqueurs de cette nouvelle donne. Le PS n'a pas gagné les régionales. L'UMP les a perdues parce que sa capacité à changer les règles n'est plus admise. Les formules habituelles tournent désormais dans le vide. La rhétorique Sarkozy n'impacte plus. Il reste désormais à identifier l'effet de contagion et l'onde de chocs qui en résultera. C'est ce contexte qui ouvre à Dominique de Villepin des espaces considérables s'il est capable de trouver les mots justes et les actes forts qui parlent à l'opinion.

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