Soleil de cendre (extraits)
un paon mort en rêve
la lune éclaire son corps
des cactus envahissent
la chambre sur le toit
vieux oiseaux desséchés
empalés sur piquants
dans leur gorge gémissent
des vents qui appellent
le paon mort se dresse
corps luisant de lucioles
lune pendue à la chaîne
sur une horloge noire
chavire les arbres et
la maison se décompose
un paon mort en rêve
ses yeux s’ouvrent clairs
•
fournaise force mes yeux à s’ouvrir. soulevant une strate
du sable j’émerge. plus de glace sur les monts
les arbres sont devenus bâtons
la ville de fer aux briques noires une masse de boue et béton
en roue géante le soleil éparpille son jaune pâle
après ces millions d’années, le ciel est à bout
son énergie consumée dans les airs
autour un océan de sable, les mains jointes
j’invoque le ciel : descends sur moi,
macule mon front de ton soleil de cendre
•
ce sont eux les cendreux, les éteints
couve la braise dans leur bois
semi-carbonisés enterrés sous les couches de vase
ils fuient depuis des décennies
chaque seconde est centuplée par le passage
c’est mon travail aujourd’hui de sonder leurs lits
les couvrir tendrement
dans des draps de boue
ce sont nos mères nos pères. je dois trouver leurs os
creuser cent trous tombes tranchées, il faut
fouiller des années de chagrin colère cendre et sang
•
les guerres défilent vers le passé
empilant tertre sur tertre
qui pointent dans le gel
derrière eux les petites maisons
arborent leurs lampes brillantes
pour les êtres qu’elles ont perdus
Joy Goswami, extraits de Suryo pora-chai, Ananda, Calcutta 1999
Traduction du bengali par Jean-René Lassalle en recoupant deux traductions anglaises différentes avec l’original bengali.
Par Jean-René Lassalle