L'aide à la Grèce envoie un signal aux marchés : le bar est ouvert

Publié le 13 avril 2010 par Copeau @Contrepoints

La décision européenne de prêter 30 milliards d'euros indique que la communauté des 16 pays de l'euro engage le bras de fer avec le reste de la planète. L'Allemagne a raison de trainer des pieds dans cette affaire. L'impact de ce plan est évidemment positif dans l'immédiat. Ceux qui ont souscrit aux dernières émissions de la Grèce comptent leurs profits sur le dos de l'Europe qui leur offre une belle prime de plusieurs centaines de millions d"euros. A terme, ce précédent va permettre aux marchés défiants de jouer à nouveau la cohésion européenne, implicitement la volonté allemande de payer pour les gabegies de ses partenaires. Aux premiers signes inquiétants (dégradation de la note de la dette espagnole, ou portugaise ?), les gros fonds d'épargne se retireront un cran de plus et joueront le bras de fer avec la zone euro qui, jusqu'ici, se refuse à prendre des mesures de redressement de ses comptes publics. Subir une telle pression de ces gendarmes financiers n'est pas confortable, c'est le moins qu'on puisse dire.

Mais nous devons garder à l'esprit que ces tensions des marchés financiers sont avant tout dues au déclin du continent européen. Si la France a le modèle social le plus lourd et le moins performant d'entre eux, les systèmes de nos voisins ne leur permettent pas non plus d'être aussi innovants qu'ils le pourraient, ni de produire autant de croissance que nécessaire pour rester dans la course mondiale entre l'Amérique et l'Asie montante. Nos citoyens sont condamnés à courir avec des boulets aux pieds, prélèvements obligatoires élevés et dette publique hors de contrôle. Ce que les gouvernements qualifient de "spéculation" ne doit pas les exonérer de leur propre responsabilité dans la crise actuelle. Tant qu'ils ne se réformeront pas, l'explosion de leur dette les mettra en danger. Et dans toutes les crises de la sorte, les marchés ont inéluctalement raison de ceux qui pêchent.

Image : pièce de deux euros grecque. Réutilisation autorisée par la BCE.