Un an après avoir offert à Rocky une sortie à émouvoir le plus blasé des spectateurs, Stallone revenait en 2008 avec l'autre personnage qui a forgé sa carrière, John Rambo.
Sylvester Stallone fait partie de ces acteurs incompris, dénigrés par une bonne partie de la critique et des spectateurs, qui ne voient en lui qu'un amas de muscles dont on ne peut bien évidemment attendre rien de bien profond. Ignorance entraînant la bêtise et l'incompréhension, l'affaire n'est pas nouvelle. Mais dans le cas de Stallone, elle irrite d'autant plus que l'acteur, loin de n'avoir fait que des bons choix dans sa carrière, a au moins eu le mérite d'avoir eu une démarche honnête et sincère. Et ce n'est pas John Rambo, bien au contraire, qui va changer la donne.
Film profondément anti-guerre, d'une violence inouïe (la guerre est violente, le film le montre), d'une noirceur, d'une lucidité et d'un désenchantement effrayants, John Rambo frappe là où ça fait mal : la conscience.
Le film dresse un constat sans appel de la violence (cette dernière fait partie de l'humanité depuis toujours, donc de l'humain, c'est un état de fait). Résonance tout à la fois universelle et individuelle, donc. Par ailleurs, Stallone dresse le portrait d'un homme que cette violence intérieure, à laquelle il est confronté depuis toujours, a fini par dévorer comme un démon, et à laquelle il a fini par prendre goût. A ce titre, la scène de prise de conscience du personnage de ce qu'il est réellement, fait froid dans le dos. Et le formidable flash-back situé en début de métrage d'apporter un nouvel éclairage sur les trois épisodes précédents.
S'agissant des scènes d'action, elles sont d'une lisibilité à toute épreuve, Stallone maîtrisant parfaitement sa mise en scène et livrant des séquences de combat de haute volée.
Au final, et malgré quelques menus défauts (l'attaque du village de nuit est un peu longue à se déclencher, l'aspect ignoble du chef des tortionnaires birmans est trop forcé), le film est une réussite incontestable, creusant au plus profond un personnage complexe et livrant une vision du monde terriblement réaliste.
Enfin, impossible de ne pas souligner la sublime séquence finale, bouclant la boucle avec une émotion qui nous prend par surprise. Nous sommes assis au fond de notre siège. Le magnifique thème musical créé par Jerry Goldsmith et repris ici par le compositeur Brian Tyler déroule ses premières notes. La scène est inattendue. Les frissons naissent. Et les larmes ne sont pas loin.