Qu’Abdoulaye Wade cesse de nous prendre pour des gogos. Nous comprenons aisément sa tartufferie politique. Voilà un homme qui, à la veille de la fête nationale du Sénégal, a prétendu nous gratifier d’une audacieuse annonce : celle de voir la terre de Teranga débarrasser d’une des fameuses bases militaires françaises en Afrique. Philosophiquement, l’acte en lui-même a droit à nos applaudissements, à nos satisfecit. Puisqu’il est la réaffirmation d’une souveraineté pleine et entière d’un peuple vers qui vont nos louanges éternelles. Mais n’oublions pas que c’est un Sénégal indépendant qui signa en 1974 le parchemin autorisant la présence militaire française sur son sol. Rien ne l’y contraignait. Rien. Alors c’est un peu ridicule d’entendre le Prince de Dakar traiter la France de puissance occupante. D’ailleurs, la France, confrontée à des tracasseries budgétaires abyssales, avait déjà envisagé le retour au bercail d’une partie de ses troupes. Que Wade retrouve la totalité des 40 hectares du cantonnement français de Bel-Air pour assouvir son projet de construction de résidence secondaire présidentielle, mais, de grâce, qu’il n’en fasse pas un triomphe politique.
Guillaume Camara