Sa dégaine de pape laïc hante encore nos mémoires. Parce qu’il n’a ménagé, alors directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et au plus fort des pourparlers d’avant la guerre contre l’Irak, ni ses services, ni sa diplomatie faite de sobriété et d’efficacité, pour faire retentir la voix de la sagesse et de la raison. Dire ce qu’était la réalité des menaces. Mais, à l’époque, qui pouvait dissuader un George Bush, devenu superbement belliciste, accroché à des thèses mensongères et contestables ? Personne. Il voulait sa guerre. Il l’a faite. Au mépris des rapports, des avertissements de Mohamed ElBaradei (photo), cet Egyptien de 68 ans, prix Nobel de la paix, qu’on aimerait voir, un jour, diriger le pays des pharaons. Un pays écartelé entre le régime du président Hosni Moubarak et les Frères musulmans. Ces deux réalités politiques, ElBaradei doit les affronter avec panache, proposer une voie nouvelle, réussir l’ancrage du Mouvement national pour le changement. Qu’il vient de créer avec des idées plutôt alléchantes : démocratie, justice sociale, réforme de l’éducation et de la santé. L’Egypte attend ElBaradei…
Guillaume Camara