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Immense lassitude d’exister à mille milles de toutes terres
Où se scandent poèmes habités d’êtres qui s’écoutent
Nous voici perdus en ces lieux provinciaux
Nous ne sommes rien avec nos pauvres mots
Voués à demeurer dans les oubliettes de la République
*
Immense lassitude qui nous fait aspirer
Attendre avec impatience la fonte des glaces
Fuir alors en des exils volontaires
Au plus près des cimes de silence
Loin du bruit et du tumulte
Loin des êtres repus et puants
Qui n’ont pour seul culte qu’eux-mêmes
*
Temps d’attente juste avant printemps
Mots perdus dans l’infini brouhaha d’une toile aveuglée
Strass et paillettes sur des scènes « d’avant-garde »
Miettes pour les petits qui n’ont pour seule bouée
Que leurs mots en poèmes maladroits
Dressés comme digues fragiles
Devant la tempête des indifférences notoires
*
Une à une les portes se ferment
Il n’est pas de place pour l’inconnu venu du hasard
Qu’il retourne à ses brebis
Qu’il prenne garde à n’en point égarer
Car les loups rodent parmi les humains
Loups plus avides que celui des Monges
Ce dernier ne pose ses crocs que sur frêles cous d’agneaux perdus
Les autres se délectent du trou de misère où croupissent leurs semblables
*
« Tous ceux qui sont malheureux le sont pour avoir cherché leur propre bonheur ;
Tous ceux qui sont heureux le sont pour avoir cherché le bonheur d’autrui. »
Shantideva
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Manosque, 4 mars 2010
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