Samedi dernier, journée porte ouverte de la société Revico (situé au lieu-dit Le Buisson entre Crouin et Jarnouzeau). En décembre 2005, j'avais consacré un billet à cette société, ayant découvert ces émissions polluantes par le biais des rapports annuels de la DRIRE. J'ai donc voulut en savoir plus sur cette entreprise.
La visite fut instructive et j'ai rencontré Nicolas Pouillaude, le directeur, qui me connaissait par blog interposé, à cause de la "publicité" que j'avais fait dans mon billet sur leurs émissions polluantes dans l'Antenne et sur l'incident qui a eu lieu en mars dernier. Très aimable nous avons pu discuter très ouvertement et il a su se montrer suffisamment enthousiaste et charmeur pour que je revienne ici plus en détail sur leur travail, qui n'a pas que des aspects négatifs.
Revico est une entreprise de dépollution, crée en 1971 par Martell et Hennessy dans le but de retraiter les vinasses. Les vinasses sont issus de la distillation des vins pour la production du Cognac notamment. Revico récolte donc les vinasses d'environ 140 distilleries régionales et nationales, pour un volume annuel de 3 000 000 d'hectolitres (environ 50% des vinasses françaises).
La loi oblige les distilleries a traiter leurs vinasses qui ont un fort pouvoir polluant sur le milieu, notamment à cause de leur DCO (Demande chimique en oxygène).
L'activité de Revico est donc de réduire la pollution des vinasses qui arrivent avec environ 25g de DCO / m3. En sortie, après traitement le taux moyen DCO, des rejets dans l'Antenne, est de 0,3 g / m3 (80 fois moins). Pour arriver à ce résultat, l'entreprise utilise principalement la technique de la méthanisation qui grâce à des bactéries soigneusement sélectionnés et entretenus "dévorent" la pollution DCO. Les résidus de méthanisation (1 g DCO / m3) suivent ensuite un traitement "classique" de station d'épuration pour achever le travail : Traitement aérobie, décantation, lagunage.
Le procédé de méthanisation produit du méthane, qui est utilisé comme énergie en local (20 000 MWh). 50% servent pour la distillerie des Buissons, 40% en interne pour le chauffage et la production de vapeur et 10% pour le chauffage des serres municipales, juste à coté.
L'activité de Revico est saisonnière, ils reçoivent les vinasses de novembre à mars. La capacité de traitement, pourtant importante, ne permet pas de tout traiter au fur et à mesure. Revico utilise une technique de concentration qui permet un stockage local des condensas en attente de traitement.
A l'issu de ces traitements, les résidus finaux sont de 2 ordres : boues qui seront desséchés et utilisé en compostage ; le liquide est rejeté dans l'Antenne avec un DCO de 0,3 g / m3. Ce rejet est conforme à la législation.
Outre la DCO, Revico rejette aussi d'autres polluants comme les MES (matières en suspension, reste d'organisme biologique), du Nitrate, du Phosphore, du Cuivre et du Zinc : des produits qui proviennent des traitements en amonts de la vigne et qui se retrouve concentré en bout de chaîne.
Ici le début de la chaîne, ce son les traitements chimique des vignes et le bout de la chaîne c'est l'Antenne puis la Charente.
Revico, en réduisant la pollution des vinasses, permet d'éviter une pollution diffuse de chaque distillerie. Mais ce traitement centralisé, concentre les restes de pollutions au même endroit. Cette pollution reste faible et sous surveillance. Revico améliore régulièrement son impact.
Ainsi en 2004 Revico rejetait du plomb et du chrome qui ont aujourd'hui disparu (source Bilan DRIRE 2003, 2004 et 2005).
Revico a une réputation de mauvaises odeurs au niveau local. D'ailleurs lors de la visite, bon nombre était venu en voisins. Cette nuisance olfactive est bien réduite depuis 1995 : à cette époque des améliorations techniques ont permis d'effectuer la méthanisation en cuves fermées. Il reste toutefois des odeurs désagréables en provenance des traitements d'épuration, pendant les périodes de traitements.
Revico est un établissement classé, donc sous surveillance de la DRIRE qui vient effectuer des contrôles sur les émissions polluantes. Les valeurs mesurées par la DRIRE sont compilés sur la page Revico du wiki "Le Retour de l'Autruche".
L'entreprise semble sincèrement préoccupé de l'environnement et effectue des investissements permanents. Cette journée porte ouverte faisait d'ailleurs suite à l'inauguration, la veille, d'une nouvelle unité de concentration, qui fonctionne à partir des vapeurs produites avec le méthane et qui a un rejet de CO2 faible. Cette unité a été co-financé par la région (Fond Régional d'Excellence Environnementale). Revico dispose de 2 autres unités du même type, mais plus ancien et qui n'ont pas été subventionné à l'époque par l'ancienne direction de la région.
La société Revico va subir en 2008 d'importantes transformations, puisque la distillerie (situé sur le même site) devrait disparaître en 2008, suite à l'arrêt des subventions à la distillation des surplus. La distillerie pourrait donc bientôt fermé ces portes : ce serait 50% des débouchés en production de gaz méthane qui disparaîtrait pour Revico. La direction a un projet alternatif qui consisterait à produire de l'électricité "Label Vert" qui serait alors revendu à un opérateur d'électricité verte.
Ironie du sort, Revico disposait d'une ancienne unité de transformation en électricité, devenu obsolète et fermé en 2002.