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La formule revient à Cees Nooteboom, Le jour des morts (Actes Sud 2008, traduit par Philippe Noble).
L'auteur fait errer son personnage principal, un cinéaste hollandais, dans le Berlin de l'après-Chute du mur. Magnifiques descriptions de la ville enneigée, de son passé, de sa renaissance et du travail sur la mémoire.
" Il observa à quel point il serait facile de s'y perdre, et se demanda s'il existait des livres et des publications que plus personne ne demandait à consulter, si bien que la connaissance qui y était emmagasinée continuait à brasiller quelque part dans une réserve, attendant que quelqu'un manifestât un intérêt soudain pour tel recoin négligé du temps, le quartier juif de Saragosse au XIIIe siècle, le cours d'une bataille entre deux princes médiévaux oubliés de longue date, l'administration coloniale du Pérou au XVIIe siècle, le tout devenu aussi caduc que les rides sableuses et les formations nuageuses des photos de Zenobia et cependant conservé pour la simple raison que cela avait été un jour, avait appartenu un jour à une réalité humaine vivante laquelle sommeillait, sorte de déchet radioactif, dans des livres poudreux ou sur un microfilm, réduplication imparfaite, reflet défectueux d'un fragment, comme si le monde lui-même était entortillé dans un interminable rouleau de papier où son existence était censée se répéter, le fracas des mêlées guerrières, les minutes d'une négociation, tout l'incessant vouloir et l'agir étouffés et rendus impuissants sous des couches sans cesse renouvelées de papier chuchotant et bruissant, dans l'attente du regard du magicien qui leur redonnerait un instant de vie".
La rencontre, à la Bibliothèque nationale, du cinéaste avec une "Berbère" qui va lui faire quitter le royaume des morts et l'entraîner jusqu'en Espagne, cristallise le besoin de changement et la vie qui doit l'emporter à travers l'étude du passé.
L'hiver est passé, le printemps respire. Il faut sortir !Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !