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Nous sommes en 1973 en Afrique du Sud. Marnus est un garçon âgé de 10 ans qui vit « du bon coté de la barrière ». Un père Général dans l’armée, une mère vouée à sa famille et une grande sœur de 17 ans un peu pimbêche. Une famille croyante et pratiquante, une servante de couleur dévouée … le portait d’une bonne famille d’Afrikaners. Mais, Marnus est à un âge où il se pose des questions. Son ami Frikkie et lui partagent leur temps entre l’école, la pêche dans un pays où l’apartheid les protège. La venue d’un général Chilien qu’il doit appeler Mr Smith et dont il ne faut pas révéler l’identité va bousculer l’enfance de Marnus.
On se retrouve dans la peau de Marnus . Avec toute la toute la naïveté dûe à son âge, on entend les bonnes paroles de ses parents « quand tous ces Noirs et ces Coloured vont se mettre à étudier, les choses ne vont plus être aussi faciles que maintenant », « Ma mère dit que les Coloured sont comme ça. On ne peut jamais leur faire confiance. Après toutes ces années, pendant lesquelles vous leur avez donné un travail et un salaire décent, ils se retournent et vous poignardent dans le dos ».
Sous couvert de la Religion, de morale et de bons sentiments, les différences raciales sont posées avec la soi-disant supériorité des Blancs. Ca fait mal, ça bouscule… et on se retrouve projeté dans un autre monde. Au fil des pages, c’est un portait honteux, écœurant et pourtant bien réel qui nous est dépeint. Par moment, j’ai eu envie de secouer Marnus de lui dire mais ouvre les yeux ! Mais, à 10 ans, il ne peut pas aller contre les idées et les principes de ses parents. Ses parents si parfaits et qui sont un exemple. Le vernis va se craqueler au fil des pages et révéler l’infâme, l’odieux. Je ne vous dirais pas en détail ce qu’il va se passer, il faut le lire…
Le livre intercale l’enfance de Marnus sur une année et ses pensées, bien plus tard, quand il sera soldat en Angola. Cette construction n’était pas, à mon avis, nécessaire et sera mon bémol. Et, je n’ai pas trouvé d’intérêt dans les réflexions de Marnus à l’âge adulte.
Une lecture forte servie par une belle écriture et dont on ne sort pas indemne. J’ai toujours ce goût de pomme pourrie dans la bouche…
Je remercie BOB et les éditions JC Lattès pour ce livre.
« Que Little-Neville soit couloured ou pas, on ne devrait pas faire des choses pareilles, surtout à un enfant. Ca a dû être vraiment atroce quand ils l’ont mis devant cette chaudière brûlante.(…)Ce matin quand j’ai raconté à Frikkie ce qui était arrivé à Little-Neville ; il a dit que la chair humaine qui brûle a une odeur atroce. Nous nous sommes demandés si d’odeur était la même pour les Blancs et les coloureds. C’est peut-être différent puisque notre sang est tellement différent. »