Né à Tarare (Rhône) le 21 mars 1930, Roger-Arnould Rivière suivit des études supérieures de lettres modernes, puis d’anglais à la faculté de Lyon. En 1955, il obtint le CAPES d’anglais, ce qui lui permit d’enseigner cette langue au collège de Tarare puis au lycée Ampère, à Lyon, où il s’installa. Le 16 septembre 1959, il mit fin à ses jours en son domicile, 91 montée de l’Observance.
Rivière ne publia de son vivant qu’un seul recueil, Masques pour une ordalie (Millas-Martin, 1953). Ses Poésies complètes ont été rassemblées en 1963 par l’éditeur Guy Chambelland.
Le poète lyonnais Raymond Busquet lui a consacré une étude dans l’anthologie Poètes maudits d’aujourd’hui (Seghers).
Crâne de plomb lascif
lit-cage de mes années
sous tes linges croupis
ta mariole de vie
s’insurge ventre dru
J’ai soif de coucheries
sur les remblais de sel
où des scorpions odieux
se pourlèchent les moelles
Passions à l’étuvée
laits de gonfles fortuites
tes orgues et tes guis
crèvent sur l’ongle blanc
de cimes à peine taillées
replètes à mi-poursuite
entre l’épure et le large.
In Masques pour une ordalie
*
Orties cuisant pèlerinage
persistance verte d’ennui
vagues amères d’un orage
aux sourcils froncés d’un talus.
Ingrate lèvre d’un présage
fugitif ou lent circuit
veiné d’électrique mirage
l’amertume se sent nue.
Acre la lèvre où s’humecte
dans les mailles de l’ortie
le baiser de la suspecte.
Ame vol de sœur infirme
dentelée d’or ou d’abîme
sous une traîne de suie.
In Entre cri et silence
*
Tout épris qu’il fût des mailles
sac de soies et de sévices
mon amour a saveur d’âme
sous sa coque de silice
mais au geste oblong du crabe
ta méfiance se mesure
dans l’avide carapace
tombent les graviers d’usure
Ton boudoir à l’avenant
n’offre que paroi convexe
quand je n’ai plus deniers sonnants
pour la sébile de ton sexe.
In Poème de la cassure