A sa décharge, Boonen a échoué et ne s'est donc pas hissé à la hauteur de son auguste pédalier. Mais tout de même. Le voir dévaloriser les performances de son successeur dans le cœur des Flamands et de son rival suisse, Fabian Cancellara, sous prétexte qu'après le Grand Prix E3 les deux coureurs avaient fait l'impasse sur Gand-Wevelgem pour mieux se concentrer sur le Ronde et Paris-Roubaix, c'est un peu pousser loin la manœuvre… On serait presque tenté de dire, "Ta gueule, l'ancien !", sauf le respect légitime dû à ce rugueux dompteur de pavés, aussi atrabilaire soit-il.
Il n'y aurait donc plus de coureurs de grande classe. La jeune génération ne penserait qu'à l'argent. Certes. Mais n'était-ce pas aussi pour l'argent que, du temps de De Vlaeminck et de Freddy Maertens, un même coureur pouvait enchaîner deux Grands Prix en un week-end ? Pour ne pas être insensible à la nostalgie des années 70, rouflaquettes et crinières au vent, il faut savoir tout de même raison garder. Chaque époque, avec ses travers que bien souvent le temps patine, a ses champions. Un Cancellara, champion olympique, double vainqueur de Paris-Roubaix, victorieux du Tour des Flandres, de Milan San Remo, du Grand Prix E3 ou de cinq étapes du Tour de France, peut regarder ses aînés sans rougir. Tout comme Boonen. A moins qu'ils ne rougissent devant le peu de classe de leurs grands anciens. Mais là, c'est le respect qui leur interdit de le dire…