Qui est Sorpiona ? Pourquoi l'hétéro femelle devient lascive après minuit ? Comment être cool au Pulp ? Autant de questions qui trouvent réponses dans La Lesbienne invisible, one-woman-show au théâtre des Feux de la rampe.
Plutôt Océane ou Rosemarie ?
Océane c'est mon vrai prénom, Rose et Marie, mes 2e et 3e prénoms. Du coup j'ai tout collé ! C'est mon coming out le plus retentissant, d'assumer mes autres prénoms. Le vrai outing, il est là-dessus.
Plutôt bancs de la fac ou planches de théâtre ?
Les deux ! J'ai fait beaucoup de théâtre quand j'étais enfant. Je suis passé au cours Simon pendant le lycée. Après j'ai fait 4 ans de lettres modernes. J'ai le plaisir de l'écriture, de la lecture, et puis je suis aussi chanteuse depuis 10 ans. J'écris mes chansons, donc le vrai plaisir c'est écrire.
Plutôt théâtre ou one-man-show ?
Au départ je suis plutôt théâtre. Je connais très mal l'univers du One-Man. Je suis très fan de Julie Ferrier, c'est un peu ça qui m'a donné envie, voir qu'on pouvait faire des choses drôles et intelligentes. Je connaissais Desproges et Coluche, les classiques, mais ce n'est pas tellement ma culture. Ca faisait dix ans que j'étais juste chanteuse et j'avais de nouveau envie de jouer. Je me suis dit que ce serait plus simple d'être toute seule avec juste un metteur en scène (Murielle Magellan). Je me suis demandé de quoi je pourrais parler. Et comme personne ne parlait de l'homosexualité féminine, je me suis lancée. J'ai bossé sur l'écriture avec Karine Dubernet qui fait du One. C'était donc plus par déduction que par vocation.
Plutôt Biba ou Cheval magazine ?
Le mix des deux permet de comprendre la complexité de l'être, un mélange de « fille » et de « j'ai envie de grimper sur des grosses bêtes et leur faire faire tout ce que je veux ». En même temps j'aime avoir des conseils sur mon fond de teint. En fait, je ne lis ni l'un ni l'autre. Mais j'ai été abonné à Cheval Magazine à ma grande époque de cavalière !
Plutôt Mylène Farmer ou Patricia Kaas ?
C'est horrible comme question, plutôt Kaas, cette grosse voix, elle est un peu virile. Ca me faisait rire de parler d'elle comme d'une lesbienne alors qu'elle est parfaitement hétéro la pauvre. Elle a quelque chose de masculin et puis j'aime bien le côté chanteuse à voix. Farmer ça ne me parle pas trop, ces univers gothiques, évanescents, genre « je vais mourir »... Je n'ai jamais compris l'engouement autour d'elle.Plutôt foot ou rugby ?
Plutôt foot. C'est l'un des seuls gros mensonges dans le spectacle. Je ne me suis jamais inscrite à un club de foot. Les deux fois où j'ai joué je me suis blessée, je suis trop fille. Mais les finales de coupe du monde je peux regarder. Alors que le rugby il n'y a aucun espoir.
Plutôt jupe à frange ou pantalon ?
Ca dépend des jours. J'ai une armoire avec deux côtés, un côté fille et un côté garçon. Avec que des chaussures de filles et des robes d'un côté et des pantalons et des grosses pompes de l'autre.
Plutôt revendicatrice ou invisible ?
Invisible en crise de revendication. Je ne veux pas être la porte parole des lesbiennes de France, mais en tout cas ça me dérange pas d'essayer de faire changer les mentalités en douceur, et avec humour.
Ton spectacle, plutôt autobiographique ou fictionnel ?
Très autobiographique avec des digressions d'histoires qu'on m'a racontées. J'ai piqué des trucs représentatifs. La mère qui dit « Ma fille, tu n'es pas si laide, pourquoi aucun garçon ne voudrait de toi ?», ce n'est pas ma mère mais celle d'une copine. J'ai quand même beaucoup exagéré. Chrysanthème (un des personnages du spectacle) ne s'appelait pas véritablement comme cela, en revanche je dois avouer que sa façon de faire l'amour j'ai pas abusé !
Plutôt brune ou blonde ?
Je suis extrêmement ouverte ! On ne peut pas savoir ce qui va nous arriver. J'ai été très brune pendant des années et maintenant je suis avec une blonde. On n'est à l'abri de rien !
Plutôt Virginia Woolf ou virginie Despentes ?
J'aime bien les deux. D'un point de vue artistique, Virginia Woolf, mais d'un point de vue des idées, des revendications, j'aime vraiment ce que défend Despentes. King Kong theory c'est un peu un livre de chevet. Elle y dit des choses importantes. J'aime sa façon d'être féministe. Elle part un peu loin avec ses histoires d'utérus artificiels. Du genre « on n'est pas que bonne à faire des enfants, que les hommes fassent les gosses de leur côté ». Mais j'aime l'idée qu'on arrête de nous prendre pour des pondeuses. Je n'ai pas aimé Baise-Moi (le film). Je n'aime pas l'esthétique, le fait que l'image soit laide, que les comédiens jouent mal. Dans un film, il faut une exigence esthétique. Et même si je comprends la dimension punk, tu peux faire un film subversif mais soigné comme Jarmush. La violence c'est pas ma tasse de the non plus. Je suis trop fleur bleue.
Finalement, plutôt hétéro et homo ?
Je suis complètement hétéro en fait. J'ai fait H.E.C et après étude de marché je me suis rendu compte qu'il y avait un vrai créneau à prendre sur les lesbiennes. Il y avait un grand manque dans le spectacle vivant, donc je me suis lancée. Je fais croire à tout le monde que je suis lesbienne et je me fais un paquet de pognon. C'est une vraie niche ! Bon évidemment maintenant je me fais draguer par des filles, je suis forcée d'aller dans des soirées lesbiennes, et de regarder le cul des filles qui passent. C'est épuisant... Mais mon mari et mes enfants le vivent très bien. Avant c'était RMI, maintenant ISF !
La lesbienne invisible, tous les Mercredi 20h au Théâtre Les feux de la rampe 2, rue Saulnier 75009 Paris. Jusqu'au 30 Juin.