Guillermo Farinas :soutenons-le en envoyant une Carte Postale

Publié le 12 avril 2010 par Ordresaintandredecaffa

Nous invitons tous les esprits libres à envoyer un carte postale de soutien directement à la maman de Guillermo Farinas

Madame Alicia Hernandez  615A de la rue Aleman   -Santa Clara- Cuba.

  

  

Guillermo Farinas, le dissident qui défie La Havane 

Mots clés : CUBA, Guillermo Farinas

Par Hector Lemieux
12/04/2010 | Mise à jour : 22:30 Réagir .
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Guillermo Farinas, le 5 mars dernier dans sa maison de Santa Clara, dix jours après le début de sa grève de la faim. Crédits photo : REUTERS

La mère du gréviste de la faim affirme au « Figaro » que son fils «ira jusqu'au bout ».

À l'évocation du nom du dissident Guillermo Farinas, les traits du vieil homme se figent. Pour toute réponse, le Cubain tend un exemplaire de Juventud Rebelde, le quotidien phare du régime communiste. Il fouille dans un gros sac de jute d'où il extrait précautionneusement un supplément de quatre pages. Ce sont des caricatures de la finale de base-ball opposant l'équipe des Industriales de La Havane à celle de Villa Clara pour Santa Clara. «Ça, c'est important», tranche le vieux vendeur. Il ajuste sa casquette kaki. Il se décide enfin à parler. «Guillermo Farinas est un homme mauvais. Ce qu'il fait n'est pas bon pour Cuba. Non, ce n'est pas bon», estime le vieillard. Lui prétend s'être battu au côté de Che Guevara à quelques rues de là, lorsque l'Argentin a fait dérailler le train blindé que Fulgencio Batista, désespéré, a envoyé quelques jours avant la chute de son régime. Le vendeur de Juventud Rebelde ne comprend pas que quelqu'un puisse s'attaquer à la Révolution.

La ville du Che 

Santa Clara est le symbole par excellence du socialisme cubain. Ernesto Che Guevara y a remporté le 29 décembre 1958 une victoire décisive contre les troupes de Fulgencio Batista. Et chaque jour, les autobus venus de la capitale déversent pour une heure ou deux des hordes de touristes venus visiter le mausolée du Che.

La grève de la faim que le cyberjournaliste Guillermo Farinas, 48 ans, a entamée il y a un mois et demi sonne ici comme une gifle pour La Havane. Jusqu'à son transfert à l'hôpital de Santa Clara le 11 mars dernier, ce psychologue de formation vivait avec sa mère, Alicia Hernandez, dans une petite maison à proximité du centre-ville, au 615A de la rue Aleman.

Un état de santé détérioré 

Aujourd'hui, alors que le gréviste de la faim est à l'hôpital, un ami de Guillermo Farinas toque à la porte de sa maison. Alicia Hernandez lui fait signe d'entrer. Elle pousse trois verrous, puis elle ferme les volets de bois du petit salon, avant de s'asseoir sur une petite chaise. «J'ai vu Guillermo hier (jeudi 8 avril). Il est dans un état grave, mais stable. La semaine passée, il a été contaminé par un staphylocoque. La fièvre est montée à 40,5°. Elle est retombée grâce à un traitement à base d'antibiotiques», indique la mère de Guillermo Farinas.

Les précédentes grèves de la faim de son fils ont considérablement endommagé sa santé. «Il souffre de douleurs articulaires, mais il est conscient. Les médecins font ce qu'ils peuvent pour le soigner. Ils lui donnent des vitamines», ajoute Alicia Hernandez. L'ancienne infirmière de 75 ans énumère mécaniquement les traitements et les médicaments que reçoit son fils. «Le gouvernement dit que nous recevons de l'argent de Miami, que nous sommes des millionnaires à la solde de l'étranger. C'est faux», assure-t-elle, en colère.

Si la majorité des habitants de Santa Clara refuse d'évoquer la situation des grévistes de la faim cubains, plusieurs groupes n'hésitent plus à défier la loi du silence. «J'ai passé dix ans et neuf mois en prison, de 1978 à 1989. La répression est très forte ici, mais je n'ai plus peur de parler», lance Jorge, un militant des droits de l'homme. Il affirme : «Nous sommes environ 1 000 militants sur une population de plus de 200 000 habitants. Beaucoup d'autres personnes nous appuient, mais elles ont peur de le faire ouvertement. Nous regroupons des gens de tous les bords politiques. Nous ne demandons pas de changements politiques, seulement plus de libertés, que ce soit pour la presse ou pour les personnes.  » Barbara, guide dans un des musées de la ville, explique : «Santa Clara est une ville très communiste­, plus qu'ailleurs à Cuba. C'est peut-être pour cela que la police y est plus répressive, plus présente qu'ailleurs.»

Près d'une église, les fidèles profitent de l'ombre de l'édifice. «Guillermo Farinas est un homme intègre. Il se bat pour des idées justes. Ils pourraient être des dizaines comme lui à faire des grèves de la faim. Cela ne changera rien à la situation politique de Cuba. Ils mourront, c'est tout», assure un couple de retraités.

Jorge, le militant, balaie l'avenir du revers de la main. «Guillermo ne parviendra sûrement pas à obtenir le référendum sur les prisonniers politiques qu'il demande, mais il est important qu'à l'étranger on sache ce qu'il se passe», dit-il. Alicia Hernandez assure qu'en dépit d'une surveillance constante, les autorités la traitent bien. Elle conclut : «Est-ce que Guillermo va continuer sa grève de la faim ? C'est une bonne question. Il m'a dit qu'il irait jusqu'au bout.»

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