Samedi à 11h l'avion qui transportait le chef de l'État polonais, son épouse, en tout 95 personnes représentant l'élite du pays ont trouvé la mort dans le crash de l'avion qui les transportaient à Smolensk pour commémorer les 70 ans du massacre de Katyn.
Un pays en deuil, des familles traumatisées
C'est non seulement le président de la République polonaise qui a perdu la vie, mais aussi de nombreuses personnalités politiques et militaires dont les chefs des quatre états-majors de l'armée. Curieusement, la Pologne n'avait pas mis en place de système de sécurité de l'État, et aucune règle n'interdisait le chef de l'État à voyager avec son Premier ministre par exemple. Les obsèques de Lech Kaczynski auront lieu samedi prochain.L'avion présidentiel polonais, un Tupolev 154, revu en décembre dernier n'avait a priori pas de problèmes techniques, c'est donc vers l'équipage que les regards se tournent. Celui-ci, sous pression, aurait ignoré les conseils de la tour de contrôle de Smolensk, les enjoignant d'atterrir ailleurs en raison de très mauvaises conditions météorologiques. Près de 200 secouristes ont parcouru les lieux de l'accident, entre forêts et prairies. Une enquête est en cours pour tenter de comprendre ce qui s'est réellement passé. Bronislaw Komorowski, président du parlement et candidat aux prochaines élections présidentielles assure l'intérim, sauvegardant ainsi les institutions de l'État. Les changements seront peut être plus significatifs du côté militaire qui va voir apparaître une nouvelle génération avec un regard plus moderne sur les relations polono-russes et internationales en général.
Quand le passé rejoint le présent ou la "fatalité polonaise"
Ce voyage en Russie de l'élite politique et militaire polonaise était prévu de longues dates. Alors qu'il aurait pu faire le voyage avec le Premier ministre Poutine, le président Lech Kaczynski avait préféré le faire avec la délégation de son pays. Cela suffit à certain de penser que cet accident doit être mis au compte d'une « fatalité polonaise » qui se nourrit des nombreuses difficultés qu'à rencontrer le pays tout au long de son histoire. Surtout dans cet accident, au-dessus d'une forêt où ont été exécutés il y a 70 ans, plus de 20000 représentants de l'élite polonaise d'avant-guerre, il y a comme un goût de fatalité, d'injustice et d'indécence. Pire encore, dans l'avion se trouvait des descendants des martyrs de Katyn.Katyn fut longtemps la pomme de discorde la plus importante entre la Pologne et la Russie. Cette dernière refusant de reconnaître son implication dans le massacre et voulant à tout prix l'imputer aux nazis. Longtemps dans la mémoire collective, l'on a cru que les nazis étaient responsables des exécutions. En 1990, sous l'impulsion de Gorbatchev, Moscou reconnut enfin son rôle. Vladimir Poutine, ancien cadre communiste et parfois nostalgique du stalinisme accepta de commémorer les 70 ans du massacre de Katyn, sur fond de réchauffement des relations russo-polonaises et de négociations secrètes d'approvisionnement en énergie.