1/ Une com protectrice
Domenech se veut le bouclier de ses joueurs. Jamais il ne les critique publiquement, quelles que soient leurs performances. Dans tout match, il ne relève que le positif : « J’ai vu de l’envie », « J’ai vu de belles choses » etc attirant le feu des critiques sur sa personne. Une stratégie de com éprouvée des entraineurs de football. Mais quand un José Mourinho crée volontairement la polémique, Domenech la subit du fait d’une com incroyablement maladroite : outre sa demande en mariage ou son poisson d’avril 2008 (Il annonce que la France n’ayant pas le niveau, elle n’ira pas à l’Euro. Les faits lui donneront raison), son parcours est jalonné de phrases malheureuses et réactions hallucinantes. De plus son aversion pour les journalistes (« attirés par le sang ») ne favorise pas la transmission de ses messages et donne parfois lieu à des confrontations qui n’ont plus rien à voir avec le sport (voir : Domenech et la guillotine)
2/ Une com ambivalente
Mais ce discours protecteur n’est qu’apparent. Car en l’analysant en profondeur on s’aperçoit que Domenech se protège aussi (et avant tout ?) lui-même.
Combien de fois a-t-il rappelé que ce sont les joueurs qui détiennent les clés, que ce sont eux qui sont sur le terrain, que la Coupe du Monde 2010 leur appartient ? « L’idéal, c’est que les joueurs décident eux-mêmes de leur tactique et de leur stratégie » a-t-il osé dire hier au Canal Football Club. Une manière claire de les responsabiliser et de se dédouaner en cas de mauvais résultat.
Une autre marotte : expliquer les difficultés des Bleus par un manque de talent. « La génération 98 était exceptionnelle ». Certes Zidane fut à un moment donné le meilleur joueur du monde, mais quid des Guivarc’h, Karembeu, Dugarry et autres Leboeuf qui l’accompagnaient ? Sont-ils meilleurs que Ribéry, Anelka, Diarra, Henry, Gallas ou Evra ?
N’est-il pas curieux de tenir un discours protecteur d’un côté et de rappeler de l’autre que les joueurs à disposition sont moins bons, moins doués que leurs prédécesseurs ? L’effet n’est-il pas inverse à celui recherché ? Les joueurs ne sont-ils pas fragilisés par ce double discours ?
Alors qui est vraiment Domenech ? Un mauvais communicant incapable de convaincre, que ce soit les médias, les français et ses propres joueurs (voir l’interview d’Anelka critiquant le niveau de l’équipe) ? Ou un acteur jouant un rôle pour prolonger son expérience ratée des planches au début des années 80 ? Lui seul le sait.