Une exposition consacrée à Proust. Une de plus ? Non : on ne peut pas dire que de ce côté-là Proust, chez nous, soit vraiment trop gâté. Comme il fallait un prétexte, cette manifestation inaugurera, à partir du 15 avril jusqu'au 29 août 2010, les nouveaux locaux du Musée des Lettres et Manuscrits transférés (pour des raisons d'expiration de bail) du 8 rue de Nesles, dans le 6ème, au 222 boulevard Saint-Germain, dans le 7ème arrondissement de Paris. Quel écrivain, sinon l'auteur d'A la recherche du temps perdu, aurait pu mieux accompagner ce nouveau souffle d'une institution célébrant la mémoire de l'histoire des arts et de la culture ? Le musée bénéficiera désormais d'un espace de 600 m2, ce qui n'était pas le cas auparavant et n'est toujours pas excessif aujourd'hui si l'on songe aux quelque 40 000 pièces constituant le fonds des collections permanentes et aux soins tout particuliers qu'elles exigent. Sont mis ainsi en avant une amélioration topographique autorisant désormais la mise en place d'une scénographie propre à permettre, en limitant la durée d'exposition des documents les plus sensibles aux méfaits de l'âge, une rotation plus régulière des objets présentés, un dispositif technologique enfin intégrant les dernières innovations (des écrans tactiles offriront en effet la possibilité de feuilleter virtuellement les documents exposés : manuscrits, lettres, partitions et autres autographes des grandes signatures). Raisons supplémentaires de nous réjouir que le premier bénéficiaire de ce coup de jeune soit Proust, d'autant plus que le programme annoncé à la presse fait état de la mise en lumière de documents restés pour la plupart inacessibles depuis la disparition de l'écrivain le 18 novembre 1922. 160 documents prêtés pour l'occasion par la succession de son biographe, André Maurois, et celle de sa nièce, Suzy Mante-Proust, parmi lesquels un lot de lettres qui ne figuraient pas parmi celles rendues publiques par l'éminent proustien américain Philip Kolb dans son édition de la gigantesque Correspondance (21 volumes totalisant 10 000 pages et réunissant 5 000 lettres publiés chez Plon). A ces documents s'ajouteront manuscrits, dessins et photographies dont l'accrochage, nous dit-on, empruntera ses couleurs à La Recherche, en en épousant le cours chronologique.