Considéré comme le fer de lance de la blaxploitation, doté d'une bande son légendaire composée par Isaac Hayes, et porté de bout en bout par le viril Richard Roundtree, Shaft mérite effectivement le détour, mais demeure néanmoins extrêmement bancal dans le déroulement de sa narration. Souffrant de nombreuses longueurs, le film patauge à plusieurs reprises, ralentit, cale, pour finalement repartir et ralentir à nouveau... Doté d'un scénario simple mais efficace (un détective noir est chargé de retrouver la fille d'un baron de la pègre enlevée par des trafiquants blancs), Shaft vaut essentiellement par son atmosphère urbaine, la caméra de Gordon Parks épousant le bitume, les trottoirs, la saleté, conférant ainsi au film un réalisme presque documentaire (certaines scènes se rapprochent à ce titre de Taxi driver). Par ailleurs, il sera intéressant pour le cinéphile de décoder les innombrables affiches de films ornant les façades des cinémas au détour de nombreuses scènes.
Film profondément masculin (mais jamais macho), dans lequel les rôles féminins n'existent que pour célébrer la virilité et l'héroïsme du personnage principal, Shaft, bien que plaisant, reste cependant moins efficace et marquant que certaines autres oeuvres de blaxploitation (Superfly ou Coffy notamment), mais constitue un must-see movie pour tout amateur de films d'exploitation, ne serait-ce que pour la partition géniale de Isaac Hayes, justement récompensée aux Oscar de 1972.