Le coup d'envoi des discussions sur la réforme des retraites entre le ministre du travail, Eric Woerth, et les partenaires sociaux, vient d'être donné aujourd'hui. J'avais eu l'occasion de parler de la manière peu subtile dont le gouvernement avait réformé les régimes dits spéciaux, et lors d'un billet en forme de poisson d'avril, j'avais expliqué les difficultés auxquelles il faudra s'attendre durant ces mois de pseudo-négociations. Déjà, celles-ci commencent plutôt mal : prévues pour durer 6 mois, le gouvernement parle désormais d'un projet de loi examiné début juillet en conseil des ministres... Il est vrai qu'à cette date l'opposition sera nettement moins vigoureuse dans ce pays !
Preuve, s'il en fallait, que les idées crédibles manquent déjà avant la grande confrontation, Le Journal du dimanche rapporte que notre omniprésident accepterait le principe d'un financement des pensions par l’impôt, quitte à créer "un prélèvement spécifique sur une catégorie de la population". En clair, Nicolas Sarkozy, après avoir usé toute sa rhétorique pour nous convaincre qu'il fallait garder le bouclier fiscal au nom de l'équité, soutiendrait - au moins officieusement - la proposition du Sénat de créer une CRDS additionnelle exclue du bouclier fiscal qui, d'après les premiers chiffrages, rapporterait près de 2 milliards d’euros pour un relèvement de 0,15 point.
De nombreuses autres propositions ont été avancées comme en témoigne l'article du JDD cité ci-dessus. Néanmoins, la proposition qui m'aura le plus surpris est certainement celle de Danièle Karniewicz (CFE-CGC), présidente de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV), qui gère les pensions du secteur privé. Sur BFM, elle plaidait lundi pour un "bouclier retraite" qui garantirait un niveau minimum. Il fallait y penser : utiliser le mot bouclier dans un sens réellement social pour une fois... Rappelons tout de même que la CFE-CGC est le seul syndicat qui n'était pas a priori opposé à l'allongement de l'âge de départ à la retraite; il fallait donc compenser quelque part...
Et qu'en disent les sondages que les politiques affectionnent tant et qui se trompent souvent ? Celui réalisé par Harris Interactive pour RTL est plutôt intéressant si tant est que les chiffres ont un sens : une très grande majorité des sondés juge nécessaire une réforme (80 %), mais peu sont favorables à l’idée d’un recul de l’âge officiel de la retraite (39 %). Ils souhaitent à 82 % que les régimes soient identiques pour les salariés du public et du privé. On attend donc avec impatience le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui devrait arriver dans quelques jours.
Pour finir, notons que l'association Attac et la Fondation Copernic ont lancé une pétition intitulée "Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites". Le texte introductif commence fort à propos ainsi : "Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %". Les arguments avancés me semblant justes socialement et économiquement, j'ai décidé de signer cette pétition.
Pour finir, j'ai retrouvé ce télézapping réalisé par Le Monde.fr le 24 février 2010 :
Télézapping : "Des retraités dans les rues !"
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